Philadelphia
7.8
Philadelphia

Série FX, FXX (2005)

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Quand l’amoralité et l’hilarité se croisent dans un bar déglingué

Philadelphia, alias It’s Always Sunny in Philadelphia, c’est un peu comme si quelqu’un avait pris une sitcom classique, jeté les manuels de bienséance par la fenêtre, et décidé que le chaos moral serait la règle numéro un. Le résultat ? Une série aussi irrévérencieuse qu’hilarante, où les personnages sont probablement les pires êtres humains que vous pourriez rencontrer... mais vous ne pouvez pas vous empêcher de les adorer.


L’histoire tourne autour de The Gang, un groupe d’amis (ou plutôt d’ennemis qui s’entendent bien) gérant un bar miteux à Philadelphie, Paddy’s Pub. Il y a Dennis, le narcissique suprême qui se prend pour un dieu du charisme (alors qu’il est plutôt un manuel sur l’auto-destruction), Dee, sa sœur maladroite et désespérée de prouver qu’elle vaut mieux que son sobriquet de "Big Bird", Charlie, l’idiot adorablement fou (et probablement dangereux) dont l’hygiène et les lubies sont aussi douteuses que ses compétences en orthographe, et Mac, un balourd obsédé par ses muscles et son image de "mâle alpha" – ce qu’il n’est pas du tout. Ajoutez à cette bande Frank, joué par le légendaire Danny DeVito, un vieux dégénéré qui a décidé que la vie ne méritait d’être vécue qu’à travers des arnaques, des beuveries, et des magouilles plus ou moins légales.


Mais ce qui rend Philadelphia unique, c’est son absence totale de morale et de limite. Ici, personne n’apprend de leçon, personne ne s’améliore, et tout le monde est capable du pire – souvent pour des raisons absolument futiles. Que ce soit pour gagner un pari, réussir une combine douteuse, ou tout simplement par pure bêtise, The Gang s’embarque toujours dans des situations absurdes qui tournent systématiquement au désastre. Mais c’est justement cette absence totale de filtre et de conscience qui rend la série si jouissive.


Chaque épisode est un festival de mauvaises décisions. Les personnages se mentent, se trahissent, et se déchirent sans la moindre culpabilité, que ce soit pour obtenir un bénéfice minime ou par pure mesquinerie. Mais là où d’autres séries auraient pu sombrer dans le malaise ou la méchanceté gratuite, Philadelphia réussit à transformer ces comportements ignobles en un génie comique, grâce à un sens du timing impeccable et des dialogues ciselés comme des insultes au couteau.


L’un des charmes de la série, c’est aussi sa capacité à aborder des sujets tabous avec une désinvolture presque insolente. Racisme, sexisme, homophobie, addiction, tout y passe, mais toujours avec ce ton de "tout est permis". Ce qui aurait pu passer pour de l’humour douteux devient, dans Philadelphia, un miroir hilarant et sans concession de nos travers sociétaux, grâce à l’idiotie de ses personnages qui semblent incapables de comprendre la gravité de leurs actions.


Les intrigues sont souvent de purs délires, qu’il s’agisse de créer un concours de beauté pour enfants dans le bar (mauvaise idée), de se lancer dans la vente de crack pour toucher les allocations chômage (encore pire), ou de recréer L’Arme Fatale avec un casting maison (les fans comprendront). Chaque épisode parvient à pousser le curseur de l’absurdité toujours un peu plus loin, et le plus impressionnant, c’est que The Gang parvient à ne jamais s’épuiser malgré leur insupportable constance dans la médiocrité.


Visuellement, Philadelphia reste assez sobre, avec un budget qui semble aussi réduit que l’intelligence de ses personnages. Mais ce minimalisme fonctionne parfaitement. Le bar crasseux, les rues de Philadelphie, les décors tout sauf glamours : tout cela crée une ambiance qui colle à merveille avec l’état d’esprit de The Gang. L’important ici, ce ne sont pas les décors ou les costumes, mais bien les situations absurdes et les dialogues déjantés qui font mouche à chaque fois.


En résumé, It’s Always Sunny in Philadelphia est un ovni télévisuel qui réussit à rendre l’ignoble et l’immoral outrageusement drôles. Si vous aimez les comédies où personne ne grandit jamais, où les pires idées deviennent réalité, et où l’amitié est souvent une excuse pour se détruire mutuellement, alors Philadelphia est le paradis du rire que vous cherchiez. Mais attention : après avoir vu The Gang en action, vous ne verrez plus jamais la mesquinerie de la même manière... et ça pourrait bien vous manquer !

CinephageAiguise
9

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il y a 2 jours

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