Le sale môme, version 1.0
Eric Judor est un génie.
Eric Judor est égocentrique.
Eric est dans l'ombre de Ramzy.
Eric se mange un platane.
Eric est dans le coma.
Platane, saison 1 démarre sur une mise en image de ces quelques sentences. Certaines se démontrent instantanément, mais la première mettra douze épisode à se faire jour. Le début est un peu laborieux, difficilement drôle : il s'agit de faire haïr et compatir à la fois les spectateurs envers rien d'autre que le démiurge aux commandes : Eric joue, réalise, écrit, et se met en scène jouant, écrivant, réalisant.
La série prend son envol dès cette féconde mise en abyme lancée : le portrait au vitriol d'un homme qui n'est autre que soi-même, une sorte de connard sympathique, de raciste homophobe sexiste misogyne mais qu'on aime bien quand même qui se bat pour accoucher d'un film dont tout nous dit que c'est un nanar à la BHL mais qui curieusement suscite une adhésion aveugle des plus grands (bon, de Besson, mais c’est déjà ça). Dès l'épisode 3-4, ça devient passionnant, par moments absolument hilarants tant mister Judor à un sens burlesque du jeu et un absurde du verbe élevé à son plus haut point. Les situations rocambolesques (loi de Murphy à bloc avec sursauts miraculeux et nouvelles catas consécutives) ,débouchent sur un rire franc mais parfois gêné. Aussi "hénaurme" que soit la satire, il y a décidément une part de vrai dans le milieu qui nous est dépeint. L'hypocrisie de la critique, La fainéantise des collaborateurs, la radinerie de la production, la vanité des stars - impressionnant casting de guests, incarnant chacun un versant de ce grand n'importe quoi...
On adhère pas mal au concept, les scènes tirées du scénario de la Môme 2.0 sont juste magiques, et quelques conflits liés à la personnalité absolument détestable de Judor donnent lieu à des séquences mythiques, notamment quelques uns des rencards foireux les plus beaux de l'histoire de la télé. La fin de saison, très bordélique, convainc un peu moins mais à le mérite de présager du lourd pour la saison 2. L'influence de Dupieux est forte à plusieurs endroits, elle culmine lors du final en anglais, très similaire à Wrong. A voir donc.
Et j'adore le fait que Judor décide de faire un autoportrait déformant et aussi peu flatteur.
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