La série Please Like Me ne commence pas très fort, on se prend une micro-agression quand la petite amie de Josh va rompre avec lui autour d’une crème glacée parce qu'elle suppose qu’il est gay. Mais ensuite ça va mieux lorsque l’on a des friandises pour les yeux, notamment avec le premier personnage masculin qui couche avec le héros. Josh a des rapports sexuels avec des mecs plus séduisants les uns que les autres tout au long de la série. Ce qui fait l’objet de plaisanteries à l’intérieur de la série (le physique de Josh est moqué à plusieurs reprises, sa propre mère est perplexe lorsqu’elle est présentée à un de ces mecs plutôt mignons) et aussi à l’extérieur : l’acteur qui interprète Josh et qui est aussi le créateur de la série explique qu’il a été obligé de renvoyer plusieurs beaux mecs à l’agence de casting parce qu’ils étaient trop parfaits physiquement, ces acteurs qu’il a finalement sélectionné sont ceux qui paraissaient le plus crédible pour le rôle à ce moment-là.
Les personnages ne cessent de s’asticoter, l’humour de la série repose pour beaucoup là-dessus. Je crois que ma méchanceté préférée est celle que balance Josh à son meilleur ami lorsque ce dernier entretient une liaison avec une lycéenne et qu’ils tombent sur un tampon hygiénique qui a bouché les canalisations.
Une sitcom réussie est aussi une sitcom capable de réaliser un épisode divertissant à partir d’un sujet pénible comme l’avortement. Je crois que c’est plutôt cool que je puisse penser à l’avortement de Claire en me disant que c’était marrant et léger et que je me referais volontiers l’épisode pour passer le temps.
En revanche, je trouve que le traitement de la maladie mentale n’est pas toujours juste, alors qu’il s’agit d’une des thématiques majeures de la série. Les acteurs semblent répéter mécaniquement leurs symptômes mais je crois que c’est tourné en dérision au sein de la série lorsque Josh essaye d’aider son petit copain à base de lectures qu’il a eu sur l’internet et qu’il se fait méchamment rembarrer, une manière de montrer que ce n’est pas aussi simple qu’une liste de symptômes et d’astuces trouvée en ligne. Ceux qui ont le mieux traité le sujet restent les premiers concernés, Maria Bamford avec Lady Dynamite (série que je serais probablement incapable de revoir tant elle m’a bousculé, mais que je ne regretterais jamais avoir vu), Rachel Bloom avec Crazy ex-girlfriend (même si je trouve le dernier développement de la série un peu trop bizarre, on commence par une sitcom avec une certaine liste de règles implicites, par exemple les personnages enfreignent la loi en piratant des géolocalisations ou en faisant de la surveillance vidéo, et on l’accepte comme loufoquerie propre à l’univers imaginaire de Rachel Bloom, mais les règles changent tout à coup à la troisième saison lorsque les personnages sont véritablement menacés de représailles, ce qui a bien renouvelé la série, mais aussi probablement dérouté les téléspectateurs). Josh (que ce soit le personnage de fiction ou le créateur de la série) reste malgré tout une personne extérieure à ce genre de problématiques, qui n’est confronté que parce que sa mère et son petit ami sont concernés.
J’avoue que j’ai un faible aussi pour les séries qui me font aimer une chanson de Justin Bieber. Il y a cette scène juste après la rupture entre deux personnages dans Please Like Me où ses amis entonnent tous en chœur un tube par dérision, et aussi cette scène dans la série nordique Skam, quand un de mes personnages préférés essaye de réconforter son amie en admettant son plaisir coupable pour le single de Justin.
La dernière saison m’a semblé décevante au premier abord parce qu’elle détricote toutes les relations entre les personnages, le spectateur perd petit à petit ses points de repère. Mais ça a du sens, on finit comme on avait commencé la série, avec une tentative de suicide (réussie cette fois). Je crois que l’un dans l’autre, c’était une bonne façon de terminer une histoire sur des connexions entre des gens, et qui avait pour sujet un segment précis de la vie de l’auteur, c’était aussi une bonne décision que de choisir de l’arrêter au bon moment (plutôt que de répéter les saisons ad nauseam jusqu’à annulation).