Please Like Me, c’est un peu comme si un sitcom avait décidé de troquer ses rires enregistrés contre un regard honnête et désarmant sur la vie, avec ses hauts, ses bas, et ses moments "qu’est-ce que je fais de ma vie ?". C’est une série où chaque dialogue sonne si juste que tu te demandes parfois si les personnages ne sont pas des versions plus cool de tes propres amis. Josh Thomas, le créateur et acteur principal, te sert une tranche de vie pleine de vulnérabilité, d’humour et de maladresses, un cocktail aussi doux-amer qu’un latte à moitié renversé sur tes genoux.
L’histoire suit Josh, un jeune Australien qui, au début de la série, est un peu perdu. Il vient de se faire larguer par sa copine et, par un plot twist aussi hilarant qu’improbable, découvre qu’il est gay. Rien que ça. Pas le temps de respirer que sa mère, Rose, fait une tentative de suicide, et Josh doit alors jongler entre cette révélation, ses propres crises existentielles et les soucis de santé mentale de sa mère. Le tout avec une dose de comédie bien placée, parce que chez Please Like Me, on ne s’apitoie pas sur son sort, on en rigole avec tendresse.
Là où la série brille, c’est dans son ton résolument sincère et décalé. Chaque situation, même la plus tragique, est abordée avec un humour léger, jamais moqueur, mais toujours empreint d’une grande humanité. Josh, avec sa manière désinvolte et légèrement détachée de naviguer dans les tempêtes émotionnelles, est le héros imparfait que tu adores suivre. Il n’a pas de grandes ambitions héroïques, il ne veut pas sauver le monde. Il veut juste comprendre comment s’en sortir en un seul morceau, ce qui, avouons-le, est déjà un défi de taille.
Les dialogues sont ciselés avec cette finesse qui te fait passer du rire aux larmes en un clin d’œil. Josh et ses amis – Tom, son colocataire un peu loser mais toujours partant pour une bêtise, Claire, son ex devenue sa meilleure amie, et Geoffrey, son premier copain timide et maladroit – sont les compagnons parfaits pour cette aventure douce-amère. Chacun d’eux est un mélange d’humour et de fragilité, et leurs interactions sont à la fois hilarantes et touchantes. Ensemble, ils essaient de survivre à l’âge adulte, cette phase de la vie où tu réalises que personne ne sait vraiment ce qu’il fait, mais que tout le monde fait semblant d’avoir un plan.
Et puis, il y a Rose, la mère de Josh, jouée par Debra Lawrance. Son personnage est un véritable tour de force émotionnel, oscillant entre des moments de lucidité et des plongées dans la dépression. Mais là où Please Like Me se démarque, c’est dans sa manière de traiter la santé mentale avec une légèreté respectueuse. La série aborde des sujets difficiles comme la dépression et le suicide sans jamais tomber dans le mélodrame, mais sans les minimiser non plus. Rose, malgré ses moments sombres, reste un personnage drôle et aimant, et sa relation avec Josh est au cœur de la série. C’est cette humanité qui rend Please Like Me si unique : les personnages ne sont jamais réduits à leurs problèmes, ils sont des personnes à part entière, avec leurs forces, leurs faiblesses et leurs moments de grâce.
Visuellement, la série adopte une simplicité qui colle parfaitement à son ton intimiste. Pas de grands effets visuels ou de décors spectaculaires. On est dans le quotidien, dans des appartements un peu désordonnés, des cafés branchés et des soirées où l’on se demande si tout le monde ne fait pas semblant d’aller bien. C’est une esthétique réaliste et chaleureuse, où chaque scène respire la proximité, comme si on faisait partie de cette petite bande d’amis qui galèrent ensemble.
Please Like Me se démarque également par sa capacité à traiter de la sexualité de Josh de manière rafraîchissante et sans clichés. Pas de grands discours militants ou de drames excessifs autour de son coming out. Non, Josh découvre simplement qui il est, avec la même maladresse et le même humour qu’il applique à tous les autres aspects de sa vie. La série normalise sa sexualité sans en faire un point central, ce qui, dans un monde de séries qui aiment trop parfois dramatiser ces questions, est un vrai bol d’air frais.
Le seul petit bémol pourrait être que, parfois, la série aime tellement ses moments de silence et de gêne qu’elle flirte avec le surréalisme, et cela peut en perdre certains. Mais pour ceux qui aiment voir la vie dans toute sa bizarrerie et son chaos, c’est exactement ce qui fait le charme de Please Like Me.
En résumé, Please Like Me est une petite pépite australienne qui mélange brillamment comédie et drame, avec des personnages authentiques et des dialogues mordants. C’est une série qui te rappelle que la vie, aussi compliquée soit-elle, est avant tout faite de moments de connexion, de rires, de larmes et de quêtes interminables pour comprendre ce qu’on fait ici. Un regard honnête, drôle et touchant sur les épreuves du passage à l’âge adulte, où chaque galère est l’occasion de grandir… ou, à défaut, de commander une pizza en attendant que ça passe.