Je suis partagé.
Le premier épisode partait sur les chapeaux de roue. Il y avait à peu près tout, deux meurtres étrangement liés, un enquêteur impliqué personnellement, un prophète (Brau1589), une histoire tragique (le vieux et North 2).
Mais j'ai l'impression qu'on s'est profondément oublié dans la critique politique, toute cette mise en place pour sortir un message d'une naïveté rare sur la haine. L'anime se finit littéralement sur "La haine c'est pas bien, ca serait mieux si il n'y avait pas de haine". Bah oui merci, on n'y avait pas pensé !
C'est dommage, car avec le contexte repris de la guerre en Irak (c'est rappelé tellement de fois qu'au bout d'un moment ca en devient barbant), il y avait le potentiel d'expliquer les rouages profonds du ressentiment, de ce que de sales gauchistes comme moi peuvent considérer comme "mal". Mais l'anime ne veut pas, ou ne peut pas, poser clairement la question à laquelle tout le monde connait aujourd'hui la réponse: Pourquoi cette guerre? Spoiler pour les gens qui vivent encore en 2003: le pétrole. Evidemment, il ne faut pas s'arrêter si proche de l'arrivée, personne ne condamne le pétrole. Il s'agissait principalement d'un intérêt de classe, les bourgeois à la tête des complexes militaires et pétroliers on décidé que ca pouvait leur rapporter gros. On ne peut pas comprendre la guerre et le terrorisme en disant juste qu'il y avait de la haine, il faut se demander pourquoi, savoir qui a des intérêts où. Mais là ca coince car on risque de se dire que le capitalisme c'est de la merde. Du coup l'anime s'arrête à mi-chemin et tourne en rond sur "la haine", et ca se finit en eau de boudin avec une peluche au coeur du complot.
J'ai peut-être l'air d'insister sur l'aspect politique, mais à partir du 2è épisode et du dialogue flashback entre les soldats à la fin de la guerre, je ne voyais presque plus que ca. Ca et la boucle insupportable qui apparait beaucoup trop souvent quand on s'attaque à l'intelligence artificielle. Càd que dès le début, on voit que les robots ont des émotions, et pourtant on se pose la question de la sensibilité des machines pendant toute la série pour finir par admettre l'évidence, c'est d'un lourd... Cette question est très intéressante mais si mal traitée, on dirait que les personnages sont soit déjà au courant que les robots ont des émotions, soit il l'apprennent d'un coup et changent leur comportement instantanément, soit l'évidence est là mais ils refusent de la voir, et on ne comprend pas pourquoi et comment chaque personne se positionne dans chacune de ces "catégories". L'émancipation des robots arrive à être un sujet qui est là, avec les défenseurs des droits et d'autres éléments, mais il n'est juste pas du tout traité.
Ces questions prennent tellement de place que j'en oublie presque de parler d'art. Je n'ai même pas vu d'anime des années 80 (je dis 80, mais ca pourrait être une autre décennie, je suis trop jeune), et pourtant j'ai quand même pensé à cette période, avec un style futuriste réaliste qui tranche avec quelques scènes cyberpunk ou surréalistes (je pense aux images de ville en noir et jaune, la gueule de Pluto en stylisé ou quand l'éclairage sur un personnage est exagéré), ca rend bien. Sauf pour epsilon, l'esthétique de ce personnage et ses pouvoirs complétement au besoin du scénario font un peu tache. En parlant de pouvoir, c'est quelque chose que je déteste en général, ce qui est le "mieux" incarné par le personnage de la "soeur" d'Astro, avec son pouvoir de sentir les émotions, un truc qui a l'air sorti de nulle part juste pour dire la messe "machin est triste", on s'en passerait bien.
Je suis dur avec le scénario et l'aspect politique, a raison je pense vu l'engagement de l'oeuvre, mais esthétiquement, même si rien ne m'a marqué, ca reste pas mal.