Veuillez éclaircir votre teinte !

Dans un futur lointain, le Japon est désormais sous la coupe du système SYBIL qui détermine via des nuances de couleurs le potentiel criminel de chaque citoyen. Ce système, dit parfait, ne faisant aucune erreurs, définit l'ensemble des nouvelles valeurs de cette société dystopique. Si l'influence du livre Minority Report se ressent, l'anime trouve rapidement sa propre voie et nous sert un récit original.

En suivant une unité chargée de contrôler et réprimander les individus susceptibles de devenir déviants, on la voit affronter la menace qu'est Makishima : Il possède l'étrange capacité de garder sa teinte claire en enchaînant les meurtres.

Cette menace a deux facettes: D'un côté, il est une menace pour l'unité, ne pouvant réussir à l'arrêter avec les techniques conventionnelles, et de l'autre une menace pour le système SYBIL, remettant en cause sa perfectibilité. C'est ce méchant qui construit l'ensemble de l'histoire, mettant perpétuellement au défi la dite unité et la poussant dans les recoins de leur propre esprit. "bon méchant", avec un discours faisant écho aux propres faiblesses d'un système en pleine tourmente. C'est du génie d'écriture par moment.

Dans un jeu de piste rempli d'énigmes et de meurtres, on y découvre une société sombre et dysfonctionnelle où chaque citoyen, étouffé et privé de leurs impulsions, finissent par sombrer dans la folie. L'univers y est riche en détails et fournis, avec une 3D impeccable et beaucoup d'effets FX maîtrisés, on se sent vite immergé et l'animation générale ne pêche jamais.

Les références, mythologique comme philosophique, jalonnent l'anime de part en part, en dépassant souvent la simple référence culturelle pour "faire genre", elles servent souvent le récit et l'étoffe même, comme avec par exemple l'épisode 11 ! Y apparaît un moment le livre "Au Cœur des Ténèbres" de Joseph Conrad. Dans cette nouvelle, on nous narre l'histoire d'un soldat descendant le lit d'un fleuve à la recherche d'un homme, et dont la descente au cœur de la folie ne fait qu'accélerer. Cette nouvelle fait ici écho à la situation de déshumanisation que subit l'un des personnages ainsi que la société qui, via le système Sybille, perd toutes facultés de jugement et de libre arbitre.

C'est ce genre de références qui enrichissent le récit et le place assez haut en matière d'anime dystopique au point de pouvoir l'appeler sans honte.... une référence.

La saison 1 se conclut à merveille, laissant une fin ouverte après les révélations finales, dans une perspective d'approfondir l'univers, et espérer un retour d'un grand personnage.