Véridique. Le titre donne le ton de cette critique. Voilà sinon ce que j'écoute en écrivant - Go the distance, White Buffalo.
Donc j'étais chez moi, me palpant gentiment le bulbe crânien fort occupé à ne rien faire. Une genre de soirée qui commençait pas sous les meilleurs auspices, si tu veux mon avis.
Personne à l'horizon, je sors de ma poche l'espèce d'antiquité qui me sert de téléphone - j'suis pas du genre à avoir le greffon collé sur l'oreille 24/7 - et me met à triturer le machin frénétiquement, lui tripatouillant les bitoniaux . Envoyer des messages c'est une corvée, mais à moment désespérants mesures désespérés.
Tu vois quoi.
Mais non, pas un clampin à l'horizon sur ma belle ville ligérienne. Est-ce que c'est le temps qui devient frisquet, l'humidité ou bien la flemmingite à ce moment de l'année, bref, mes messages n'accusent que des feintes de non-recevoir.
Plus que quelques bières dans l'frigo, un paquet de blondes à moitié entamé et une insomnie qui pointe le bout de son nez. Pour couronner le tout, le pc fait des siennes, le ventilateur se prenant pour une hélice de biplan, j'suis sérieusement en train de flipper grave.
Encore un peu et je vais devoir lire, 'aich.
Du coup j'fais un rapide tour sur Sens Critique, une petite envie de me mater un animé sans conséquence me trottant dans un coin de la tête. Histoire de faire passer la bière et la bile, tu vois. Et entre toutes mes envies je vois ça ...
Ce truc.
Avec un pitch à faire rêver un amateur de machins décérébrants - ou bien un lolicon fétichiste de la sainte culotte. Éclaireur, voit plutôt : C'est l'histoire d'un mec, quand il voit des culottes, il se transforme en super-sayon roux (triste, je sais) et s'il entraperçoit un autre bout de lingerie féminine le bougre fait tomber un astéroïde sur notre bonne vieille planète.
Épique, je me disais.
Et puis la réalité m'a rattrapée. L'impact fût violent, j'ai cru sortir de mon orbite sous le choc de ce scénario abscons pour justifier l'espèce de fan service semi-pédophile que me sert un animé bien fade finalement.
Commençons par le commencement. Sans être orgasmique, l'animé est de très bonne facture. Les effets spéciaux sont bien spéciaux, l'animation est propre, fluide, le grain est net, pas de problème. Visuellement c'est carton plein, alors ?
Ben non, la faute à un design vu et revu des centaines de fois, assez passe-partout, un chara-design qui donne pas vraiment de raisons de se décoller les rétines en bavant devant l'écran.
Bref, c'est générique.
Tiens, le générique - transition subtilement amenée, check - est un peu à l'image de cet animé. Sans être détestable, la chanson sent vaguement le réchauffé avec les sempiternelles voix toute bourrées d'autotune et si visuellement on est pas dans du mauvais il y a un côté assez fan-service qui franchement me fait pas autant plaisir qu'il aurait pu. Ma faute, peut-être, va savoir, le corps d'une jeune fille/robot parce que comme ça on peut faire passer crème le fait de déshabiller une gamine de 12 ans dans un animé ça a cessé de m'émoustiller à un moment.
Bref, je ne m'étends pas (ce serait dégueulasse), reste qu'il me faut passer au fond après avoir traité la forme. Dans le fond, sache-le, je m'attarderai sur les formes.
Aheum.
Donc notre héros est un jeune ado un peu androgyne qui traîne ses guêtres dans une résidence japonaise comme il en existe tant, exclusivement peuplée de nymphettes, allant de la plus vieille nymphomane frustrée jusqu'à l'éternelle pisseuse de quinze ans, chanteuse à ses heures perdues et à la voix abominablement mignonne*. Rajoutons la geekette, la meilleure du monde dans un fps mécha massivement multijoueur, porteuse d'un lourd secret qui explique sa geek-attitude. La révélation à ce sujet est digne d'un reportage de TF1 : maltraitée à l'école et mal dans sa peau, elle est poussée vers le jeu vidéo et commence une vie de recluse. J'ai hésité entre le rire et les larmes, franchement.
Bon, je reprends l'histoire, parce que là je me suis perdu en chemin : notre héros est témoin d'une attaque terroriste dans un bus et de l'arrivée d'une mystérieuse héroïne costumée au nom fringuant : Strange Juice. Voyant la jeune femme menacée il embarque le terroriste et se jette dans le vide avec lui. Il est alors sauvée in extremis par la belle, aperçoit un bout de sa culotte et se voit immédiatement expulsé de son corps. Recueilli par un esprit-chat facétieux (tu suis là ?) il cherche alors à reprendre possession de son p'tit body et à sauver le monde par la même occasion, car l'organisation terroriste responsable de l'attentat du bus est aussi celle qui veut éradiquer la race humaine.
Rien qu'avec ça, je pense avoir perdu les trois-quarts de mon public de lecteur(s). Mais pour les deux du fond qui s'accrochent, je vais continuer un peu. Vous remarquerez déjà rien qu'avec ce pitch le potentiel de bordel joyeux et bien japonais qu'on pouvait avoir : un animé léger et déjanté dans la veine d'un Excel Saga, délicieusement con.
Mais non, nenni, nein, nada. Tout d'abord parce que les sketchs et situations de départs ne sont finalement qu'une succession de cliché japanim n'apportant absolument rien de neuf, prétexte à une exposition de lingerie fine devant laquelle rougirait n'importe quel créateur de lingerie fine (pour le plaisir de vos yeux).
L'animé prend une autre tournure arrivé à la moitié des épisodes, tentant d'approfondir son background et de proposer un scénario complexe, allant même jusqu'à offrir une fin qui ne tombe pas dans le tout joyeux, fin inattendue.
Le problème réside ici dans une histoire aux ramifications insondables, aux changements de corps intempestifs qui complexifient inutilement une intrigue qui aurait pu être bien plus simple et surtout aux protagonistes, si plats qu'ils en deviennent presque interchangeable et peu intéressants.
Et c'est presque dommage de voir cette seconde partie qui développe pourtant des côtés inattendus en s'intéressant aux ramifications d'une organisation secrètes, aux mutations génétiques, aux troubles du développement liées à l'enfance (métaphoriquement, le changement de corps implique cela aussi) se vautrer dans le verbeux et dans l'abscons. Dommage de voir des combats soignés menés par des personnages tout sauf charismatiques.
Dommage.
*Alors ça, c'est de l'oxymore première qualité mon gars. Je te bichonne là.