Il y a des thèmes qui ne peuvent d’après moi pas être traités avec la même légèreté que d’autres. Parce qu’ils font appel à des mécanismes complexes et entrelacés. Parce qu’ils demandent une certaine solennité dans la façon dont on les aborde. Parce qu’ils renvoient l’image que l’on se fait de notre propre société, et donc, par extension, de nous-mêmes.
C’est le cas de la politique. Or, dans Queenmaker, la politique a beau être le thème central, elle n’est pas traitée avec la gravité qui lui est due. Beaucoup trop d’aspects du « jeu » politique sont simplifiés, voire carrément caricaturés. Il ne se passe pas deux ou trois scènes « sérieuses », sans que les tics du mauvais drama coréen, ou du drama « bas de gamme » - c’est-à-dire le makjang – ne viennent parasiter un épisode.
Il n’y a bien que la performance de Kim Ae-hee qui sauve, un temps, le navire du naufrage. Son jeu puissant et modulé est une réussite sur toute la ligne. Elle seule semble avoir saisi l’enjeu de ce qui se trame dans un scénario de ce genre. Tous les autres acteurs, notamment ceux qui appartiennent au groupe Eunsung, ne font office que de mauvais figurants de makjang.
Le drama se veut flamboyant, mais il n’est que ridicule, « attardé ». Tout ce qui est montré sur la manipulation des réseaux sociaux, sur la corruption ou les affaires de financements opaques… tout cela à dix ans de retard, au bas mot ! Il suffit d’aller faire un tour du côté de Stranger (2017) pour se rendre compte à quel point Queenmaker est une régression à tous les niveaux. C’est une série qui n’a rien à dire, sans idéal : une coquille vide ; tout juste a-t-elle quelque chose à montrer, d’ailleurs. Photographie académique, décors vus et revus, musique ignoble, rien ne vient persuader le spectateur placé en état végétatif que les choses pourraient s’améliorer avec le temps.
C’est pour cela que je décide d’arrêter de regarder la série après l’épisode 5. Ce dernier étant un summum de mauvais goût, véhiculant une sorte de machiavélisme ringard et puant qui ne peut que dégoûter quiconque ayant idée de ce que devrait être une vraie série politique, profonde, rusée. Les plus grosses ficelles ne sont pas épargnées au spectateur qui se déconfit, au fil des minutes, de trouver une bribe d’originalité dans cette tragi-comédie dépassée sur quasiment tous les points. Dommage pour Mme Kim, dont la prestation de haute-volée ne peut que faire déprimer un peu plus sur la qualité globale du drama !