Fin de partie
Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit. En adoptant la forme théâtrale,...
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le 13 sept. 2016
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In a nameless city deluged by a continuous rain… three rabbits live
with a fearful mystery
Première chose : que tous les gens qui pensent que le summum du malaise et de la terreur se trouve dans le cinéma horrifique, qu'ils se taisent rapidement et foncent vers cette version vostfr de Rabbits : https://www.youtube.com/watch?v=x6K5AVqjX3g
Seconde chose : putain !
Troisième chose : Lynch est un génie
Ayant pris en considération ces trois points, continuons notre critique constructive de cette œuvre en commençant par la bande son. Prenez : 1 Angelo Badalamenti en forme (bien planant et bien anxiogène), saupoudrez-le d'un bruit continu de pluie et mixez le tout avec des bruits électriques mêlés de cris. Vous accoucherez alors de la bande-son parfaite de Rabbits, qui participe à au moins 70% de l'immersion totale dans l’œuvre.
Outre le son, il y a la réalisation de Lynch bien sûr. Un plan séquence pour chaque "épisode", donnant sur une pièce identique type décor de théâtre, trois acteurs humanoïdes à tête de lapin et comme pitch de base la phrase citée en début de critique (Dans une ville sans nom sous le déluge d'une pluie sans fin, trois lapins vivent dans un mystère effrayant...).
L'image en elle-même est anxiogène, sombre. Tout est décalé, dérangé, anormal. Aucun élément du film ne peut nous ramener à une réalité rassurante ou à une quelconque protection, et cela empire dès que les acteurs commencent à parler : dialogues décousus, emmêlés, sans le moindre sens (et pourtant lourds de sens), champ lexical de la folie, de l'angoisse... Tout cela manipulé par Lynch afin d'enfanter un terreau fertile pour nos peurs.
La même peur ressentie devant le début de Lost Highway. Une sensation désagréable dans le ventre, l'impression que tout va aller pour le pire, une crispation autant physique qu'émotionnelle puissante.
Et quand viennent les bruits de pas, derrière la porte...
Et quand résonne le téléphone auquel personne ne va répondre...
Et quand l'allumette craque...
Comment dire ? L'impression de perdre pied ?
C'est très étrange à décrire, autant au moins que c'est étrange à vivre. Ces rires pré-enregistrés qui se déclenchent au mauvais moment, qui rompt avec l'atmosphère et alimente vos angoisses. Le décalage très Ionescoïen de tout ce qui est dit, de tout ce qui est fait...
Bref, en m'attelant à Rabbits je m'attendais à 40 longues minutes d'un trip d'un vieux génie un peu élimé, je me suis retrouvé avec l'imaginaire fou d'un Lynch toujours aussi parfait... Et bien sûr qu'il va plus loin que la sensation seule (on peut parler de ce que ce "film" dit sur les sitcoms ou les télé-réalités, tout comme a pu le faire Twin Peaks / on peut parler du choix de Lynch de masquer les visages des trois acteurs, qui ne sont pourtant pas des noms qu'on aurait tendance à cacher : Naomi Watts et Laura Harring notamment...), mais la sensation pure est si puissante et la fin si enivrante
(ce cri suspendu, ce plan indéfinissable puis cette attitude craintive des trois lapins)
qu'il vaut peut-être mieux finir sur ça...
Créée
le 8 mai 2018
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