Fin de partie
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le 13 sept. 2016
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Avec Rabbits David Lynch poursuit sa quête d'un cinéma de l'absurde, poussant les limites de la mise en scène dans ses derniers retranchements. Avec des moyens pour le moins dérisoires il signe un petit chef d'oeuvre cinématographique en accordant un soin tout particulier aux images et aux sons.
Eventuel pendant télévisuel du monument INLAND EMPIRE Rabbits décline son argument sous la forme de huit petits épisodes interchangeables dans lesquels trois lapins échangent des lieux communs dans l'intimité d'un salon. Lynch réalise en fin de compte un sitcom proprement inconfortable qui rappelle à certains égards le sublime Eraserhead, notamment dans l'utilisation du son industriel et des sources d'éclairage internes. Il s'agit sans nul doute du projet lynchien le plus expérimental qui soit, et doit de ce fait être vu et vécu comme une expérience esthétique : malaisant, grotesque et visuellement délicieux Rabbits ne peut être discuté de manière rationnel, dilatant ses incongruités jusqu'à un mouvement quasiment perpétuel ; ainsi le film ne semble avoir ni véritable commencement ni véritable dénouement, comme si le réalisateur cherchait avant tout à capter un moment, une texture, un vide qui n'aurait pour seul écho que les faux-rires de l'industrie hollywoodienne (Mulholland Drive et INLAND EMPIRE, les deux chefs d'oeuvre lynchiens développant cette thématique, encadrent logiquement le moyen métrage dans la chronologie...).
Le film parvient presque à susciter l'angoisse, aussi bien par la musique cyclique et grondante d'Angelo Badalamenti que par le travail sur les éclairages tamisés. On pense aussi au court métrage Absurda pour la dimension théâtrale, à la lisière du grand-guignol... J'ai pour ma part adoré ce Rabbits méconnu, certes radical dans sa démarche purement expérimental mais indispensable pour tout amateur de David Lynch et d'expériences saisissantes. Un superbe voyage d'hypnose et d'envoûtements.
Créée
le 3 sept. 2017
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