J'ai lu un roman appelé Sense and sensibility mais je ne connais pas celui que raconte ce film. Pourtant les personnages portent les mêmes noms mais la ressemblance s'arrête là.
A la base c'est le roman de Jane Austen que j'ai le moins aimé, qui peut se comparer à une ébauche d'Emma par sa structure ( qui est un peu toujours la même chez Jane Austen) et par son intrigue, mais le téléfilm accentue encore le coté romantique par ses raccourcis et du fait qu'il n'y a pas la subtilité du style d'écriture. Trop de scènes enlevées, ajoutées ou modifiées plus visuelles et qui demandent une interprétation plutôt qu'une explication font que le film devient simpliste et tellement prévisible qu'il présente peu d'intérêt.
Par exemple le colonel et Willoughby se querellent à un moment où, dans le roman cette explication n'existe pas et qu'elle ne peut pas avoir lieu puisque les deux ont brutalement quitté la région sans explications et sans laisser d'adresse.
L'histoire du cheval aussi est malvenue. Elle tient en 5 lignes dans le roman, mais dans le film la scène est beaucoup trop longue et ne fait que démontrer que Marianne et sa mère sont deux idiotes sans cervelle ( particulièrement la mère) et qu'Elinor est une pisse-vinaigre hystérique. On ne peut y voir aucune interprétation et ce n'est pas comme ca que ca se passe dans le livre.
Ce ne sont que 2 exemples.
les personnages secondaires ( ceux qui sont présents) méritent bien le qualificatif de secondaires, pour ne pas dire superflus. Même la mère, Mrs Dashwood est caricaturale, encore plus obsédée de vendre ses filles au premier venu que Mme Bennet dans orgueil et préjugés sauf qu'ici il n'y a aucune urgence.
D'ailleurs cette obsession est une constante chez Jane Austen qui marie toutes ses héroïnes à des hommes beaucoup plus âgées qu'elles, au point que je me suis souvent demandé pourquoi un homme de 45 ans préfère suborner la fille de 15 ans plutôt que la mère de 30 qui est veuve et disponible. Ici je m'étonne que la mère ne cherche pas à marier Margaret, afin de s'en débarrasser aussi avant qu'elle devienne spinster à 16 ans. Si les filles deviennent aussi génantes dès la puberté autant vaudrait les noyer à la naissance. On voit ici que la même restriction ne s'applique pas aux hommes, le père des filles est un veuf remarié ( sans doute mrs Dashwood avait-elle 16 ans lorsqu'elle a épousé un vieillard de facon à devenir veuve à moins de 40 ans avec une fille de 19 ans). C'étaient peut-être les moeurs de l'époque, on peut donner toutes les explications sociologiques qu'on veut, je trouve ca très malsain.
Ainsi Mary Middleton qui a "26 ou 27 ans" et 4 enfants est elle aussi mariée à un barbon et elle était musicienne, comme Marianne, avant de devenir rien du tout, d'abandonner la musique et toute intelligence suite à son mariage. En gros son mari l'a épousée uniquement parce qu'elle mettait un utérus à sa disposition. Quand à sa jeune soeur Charlotte, elle est mariée à un abruti qu'elle ignore et qui l'ignore. On peut imaginer le même destin pour Marianne et Elinor ( et Margaret) quand la passion d'un mariage précipité sera refroidie. Si l'espérance de vie était de l'ordre de 40 ans on peut penser en plus que Marianne sera veuve à 25 ans. Emma, l'héroïne d'un autre roman aussi, d'ailleurs. Et à 25 ans elle aura 4 moutards comme Mrs Middleton et sera trop vieille pour se remarier. Sinistre destin.
Les décors et les costumes sont beaux mais pas plus que dans n'importe quelle adaptation de Jane Austen. Ce n'est past trop trop surjoué, sauf à certains moments, mais si je m'en fie à mon expérience théatrale personnelle les rôles sont faciles, beaucoup plus que dans Pride and prejudice, Emma ou Mansfield park, donc rien ne m'a impressionnée ici.