Au début de sa diffusion, Ranking of Kings avait tout pour plaire, en effet elle avait pas lésiné sur les moyens techniques, et son design simple et mignon donnait corps à une sorte de conte de fées crépusculaire où derrière le monde enfantin du prince se cache de sombres coups en traître. On nous dévoilait petit à petit divers personnages très bien construits qui prouvait que l'auteur savait les soigner.
Au milieu de ces intrigues de cour où se posait les jalons d'un conflit de pouvoir autour de la succession d'un royaume, je commençais à craindre quelque chose. Apprenant éventuellement que feu le Roi géant sacrifiait l'avenir de ses enfants pour vivre, j'y voyais là un antagoniste bien trouvé à cause de sa proximité affective avec le héros et la relation thématique autour des questions du pouvoir. Hélas, il s'est trouvé que ce pauvre Roi n'avait point de contrôle sur la situation, et que c'était la dame du miroir, son âme damnée, la "vraie" méchante, ce qui très franchement m'a semblé être un acte manqué. Ça c'est qu'une déception personnelle qui n'intéresse probablement que moi.
Parlons surtout de l'éléphant dans le miroi... Dans le couloir. Après une première partie crépusculaire prometteuse, les 12 épisodes qui suivent changent d'approche. Le soleil se lève et l'image devient plus lumineuse alors que l'ambiance générale devient soudainement moins sombre, voilà que la série devient feel-good... Oui, cette critique fait partie des déçus du changement de ton entre les deux hémisphères de la série, puisqu'après avoir posé tous les jalons d'intrigue de trahisons et de plans tortueux pour garder le trône, il se révèle soudain que tout le monde était en fait très gentil et tout se résout dans la joie et la bonne humeur.
Pour être précis, le problème n'est pas la fin où tout finit bien ni le manque de cadavre au compteur, ce sont que des considérations assez superficielles. L'auteur aime bien trop ses personnages pour les amener vers une résolution tragique... Il n'a pas tort car ils sont tous construits avec soin, et même les plus antipathiques se montrent attachants, ils peuvent remercier l'abus de la recette du flashback. L’écriture est si soignée qu'on n'a aucune peine à accepter leurs évolutions positives, et le résultat c'est qu'on est très content que tout se finisse bien pour eux.
Le véritable problème se trouve dans la direction générale, dans l'intention même : ça n'ose pas raconter l'histoire qu'on était en droit d'attendre. Chaque nouvel épisode se dédie à tuer dans l’œuf tout embryon de complication qui aurait pu donner une ligne dramatique à suivre. On voit de manière constante les personnages que le héros confronte se révéler être tous très gentils, les voilà qui se rangent aux cotés du jeune prince Boji pour terminer aussi vite la sous-intrigue avant qu'elle n'ai eu le temps de prendre son ampleur. Mais à force de désamorcer tout problème potentiel, il s'en retrouve que Ranking of Kings abandonne ses prétentions de départ.
On a perdu le conte de fée sombre et crépusculaire dont on nous avait fait la promesse onze épisodes durant, on perd les luttes de pouvoir, tout se résout avec une facilité incroyable. Finalement, l'antagoniste final ce ne sera pas un personnage qui aura tissé une toile si complexe que la démêler coutera un prix terrible, mais un démon très méchant qui ne représente pas grand chose d'autre qu'une impressionnante péripétie finale, un gros truc à taper dessus, histoire de pas donner l'impression qu'on est dans un dessin animé pour très jeunes enfants où tout se résout avec un sourire (et faut pas croire, mais en vérité, les dessins animés pour très petits s'emmerdent à en créer un de conflit !). C'est assez pauvre en matière de récit, surtout quand on compare cette orientation feel-good avec ce qu'était le début. Ranking of Kings souffre de cette division assez franche entre ses deux moitiés qui sont très disparates en terme d'ambiance. Même si je reconnais que beaucoup de ceux qui ont vu la série l'encaissent sans problème, ben pas moi.
Alors oui c'est réussi en terme de technique, c'est soigné dans l'écriture, mais c'est au service d'une direction générale qui saborde toute tentative de récit ; n'en résulte qu'une déception.