Pourquoi un tel shitstorm ? Peut-être sa notoriété, ou sa simplicité, lui a fait défaut ? En tout cas, j'ai trouvé Re:Zero très bien dosé, et sur tous les tableaux.
Un concept commun, traité de façon originale.
Subaru, un japonais normal, se retrouve projeté dans un monde d'héroic fantasy.
Alors qu'il découvre la ville, sans bien comprendre ce qu'il lui arrive, il est assailli par trois brigands. "Super, vu que je suis le héros de l'aventure je dois pouvoir m'en sortir pas trop mal !" Sauf, que non. Nope, man, tu t'es bien défendu mais à la fin tu te fais refaire la face !
C'est le premier point positif. Loin du cliché de l'otaku looser qui devient cheaté dans un monde parallèle, Subaru est un mec assez normal qui reste un mec assez normal ! Et il progressera peu à travers l'animé, surtout par ses erreurs, ce qui en fait résolument un protagoniste plus humain. C'est d'ailleurs une bonne utilisation de son pouvoir (le pouvoir du checkpoint, ou tu meures --> tu recommence) que de le faire échouer à de nombreuses reprises, ici il y a peu d'impact sur le scénario donc on peut se le permettre.
"Tiens, c'est bizarre, j'ai essayé de tout faire pareil mais la boucle a quand même tourné en quelque chose de complètement différent..." Et oui, effet papillon ! Souvent ignoré dans le genre, l'animé nous montre qu'il est présent, et mieux encore, que Subaru ne s'y attendait pas, ce qui témoigne d'une certaine maîtrise selon moi.
Des personnages attachants.
L'animé n'est peut-être pas exceptionnel par la profondeur de ses personnages, néanmoins ils sont nombreux, variés, et on se prend facilement d'affection pour eux. C'en est d'autant mieux que peu de temps d'écran leur est consacré, à part pour Subaru : la formule est efficace. Grâce au concept des boucles temporelles, la série nous en montre différentes facettes, au fur et à mesure des épisodes, que ce soit Felt, Rem et Ram, Béatrice, Pak, Julius, Félis, Wilhem, Betelgeuse... Et à chaque fois, grâce à son aptitude, Subaru fini par avoir l'ascendant sur eux, sans pour autant en faire un personnage OP comme c'est le cas habituellement. À chaque fois c'est grâce à ce qu'il a appris d'eux qu'il passe pour quelqu'un d’intéressant, ce qui contourne le problème du personnage supérieur à tout le monde. Notamment avec Rem, s'il sait trouver les mots justes c'est parce qu'il l'a déjà vue au bord du gouffre, il sait de quoi il retourne.
Sa faculté de time reap permet d'explorer des futurs possibles particulièrement sombres et de les annuler, et pourtant, contrairement à ce que j'ai pu entendre ici et là, on est impliqué dans les difficultés que rencontrent les personnages, comme par exemple pour Subaru. Avec un peu de bonne volonté, il suffit de s'immerger dans l'animé pour ressentir les émotions, et avoir de l'empathie pour les personnages dans les épreuves qu'ils traversent. Sans cette bonne volonté de toute façon, il va vous être difficile d'apprécier quoi que ce soit dans la vie.
Une direction artistique magnifique.
Cet animé se démarque en particulier là dessus. Dès les premières secondes, on sait à quoi on a affaire. Le travail sur les lumières, alternant entre vues du magasins --lumières pales, ambiance calme et quotidienne, musique d'ambiance du magasin et attitude ennuyée de Subaru-- et vues d'une scène de mort --ombres prépondérantes, zone de lumière intense au milieu, voix hachées, sonorités angoissantes, mais sans traces de sang-- attire immédiatement l'attention. Bien fichu, pour un premier épisode.
L'OST, à défaut d'être mémorable, fait son job sauf à certains instants particulièrement intenses (opening et ending certes, mais surtout les scènes mélancoliques, et la fin de l'épisode 15 !).
Les passants dans la rue sont tous détaillés, grâce à l'apport de la 3D, ce qui rend le monde bien plus vivant et réel. Le ciel est toujours magnifique, et par extension l'ambiance, que ce soit par plein soleil ou en pleine nuit, par temps de brouillard ou au crépuscule. Les scènes en forêt profitent elles aussi du bon choix de lumières.
Enfin, le chara design est bon : les gars sont beaux, les filles sont mignonnes, mais tout en mesure et en justesse, plutôt qu'une exagération du trait habituelle.
Un univers intéressant
Certes, c'est le classique de l'heroic fantasy, typé jeu-vidéo. Mais au delà de ça, il est bien exploité. Le monde de Re:Zero n'abuse pas de la magie, et l'utilise même en faible quantité. Seuls quelques personnages la maîtrisent, et notre protagoniste ne va pas comme par magie pouvoir l'utiliser comme un dieu. C'est un nouveau venu, je vous le rappelle.
Le lore autour de la sorcière est bien amené mais peu développé, ce qui est une bonne chose dans la mesure où il reste beaucoup à apprendre. Vous imaginez, si on apprenais tout du secret des titans dans la première saison de SnK ? En dire peu, ça en laisse plus pour la suite ! Et un point positif, les rares indices qui nous sont donnés incitent à faire fonctionner votre imagination ! Pourquoi Subaru possède-t-il ce don ? Pourquoi la sorcière a-t-elle disparu ? Et pour ce qui est plus trivial, comme les esprits, les malédictions, l'animé est assez subtil pour nous les présenter par l'action et non par la description.
Un personnage principal atypique.
Le héros de shonen, naïf et rêveur, qui progresse tout au long de la série pour devenir le meilleur combattant / dresseur / joueur de cartes / ce que vous voulez en fait... Et bien on n'en est pas là.
Ici, le personnage principal ne manque pas de défauts. Les dénombrer ici friserait le spoil, donc je me permet juste de vous dire que si vous y regardez de plus près, il est très humain, et reste attachant même quand il accumule les conneries. C'est selon moi un excellent choix : plutôt que de faire un personnage bateau auquel s'identifiera facilement le spectateur (parce qu'on sait tous que le spectateur est trop stupide pour apprécier un personnage bien écrit, mais oui... (-_-')), les auteurs ont décidé d'écrire une histoire plus réaliste, et on peut féliciter la démarche.
Vivement la suite.
Finalement, cette série je la trouve très charmante. Elle va clairement pas révolutionner ma façon de penser, mais c'est l'une des séries les plus agréables à regarder que j'ai jamais vue. Mais la saison 1 ne se suffit sans doute pas à elle-même, et je plains ceux qui l'on découverte en 2016 : il va encore falloir attendre un peu pour voir la saison 2. Je prie sincèrement pour qu'elle continue un bon moment, parce qu'on voit pas un truc aussi beau et bien fichu tous les jours.
White Fox, je vous en supplie, faites que ça s'arrête pas.