Aujourd'hui on s'attaque à un petit anime très apprécié dans la sphère de la japanimation à ma plus grande incompréhension. Akame ga kill, c'est une histoire que l'on m'avait recommandé à plusieurs reprises mais qui pourtant ne m’inspirait pas grandement. Puis finalement, lors d'une période où je ne savais plus quoi regarder, j'ai décidé de lui donner sa chance et me suis lancée dans l'aventure. Résultat : j'aurais dû me fier à ma première impression.
Après avoir durement terminé les 24 épisodes, une grande panoplie de sentiments s'est immiscée en moi : tristesse, dégoût, multiples interrogations transformées par la suite en frustration. Je vais donc tenter de vous faire partager mon désarrois en rédigeant ma critique « step by step », avec minutie sur les points qui ont alimenté mon impression à l'égard de ce margouillis.
A noter que je ne commenterai ici que son adaptation, car sa version papier m'est inconnue (a priori bien meilleure).
Soredewa, hajimemashou, parlons avant tout de l'histoire : Tatsumi est un jeune forgeron habitant un petit village très pauvre. Afin d'aider celui-ci à perdurer, il décide, avec deux de ses amis : Ieyasu et Sayo, de partir en direction de la capitale pour y rejoindre l'armée. Cependant l'image qu'ils se faisaient de cette dernière va très vite être ternie après que ses accompagnateurs se soit fait enlever puis tuer par des aristocrates plus que dérangés. Lui survivra à cette tuerie grâce à l'intervention du Night Raid, un groupe d'assassins qui n'exécutent que les corrompus. Déterminé à sauver la capitale et au passage son village, il rejoindra les rangs de ce groupe de mercenaires. Mais celui-ci devra très vite se heurter à des ennemis puissants dont notamment « les Jeagers » : organisation armée de la capitale dirigée par la redoutable Esdeath.
Bien arrêtons-nous là : je ne sais même plus par où commencer tant il y a de clichés dans ce synopsis.
Premièrement, on cherche à nous vendre le personnage de Tatsumi, à nous le rendre attachant à travers le meurtre de ses deux amis qui n'ont concrètement servi à rien si ce n'est ça. Leur inutilité est tellement cuisante et leur développement inexistant qu'au fond on se contre-fiche presque de leur mort. Il fallait juste donner un petit côté tragique à la vie de notre protagoniste et ça c'est une recette qui marche peut-être mais qui est vue et revue. Ensuite le thème du monde gangrené par les hommes qu'il faut guérir à tout prix ce n'est plus très original de nos jours. C'est certes un sujet phare au sein même de l'univers shonen nippon mais qui peut vite couler sous les stéréotypes si on ne lui accorde pas l'affranchissement nécessaire. Et pour le coup, Akame ga kill se noie dans l'impersonnalité.
C'est relativement brouillon : on ne nous offre aucun apport profond ou novateur. On ne lui laisse pas vraiment le choix car 24 épisodes c'est relativement court pour construire quelque chose d'aussi ambitieux de prime abord. Les rôles de chaque personnage sont trop clairement définis ce qui les rend particulièrement fades. On retrouve le classique « gentils » d'un côté et « méchants » de l'autre sans aucune ambiguïté qui permettrait aux spectateurs de choisir son camp, ce qui rendrait peut-être l’œuvre plus pertinente ou plus, rajouterait une once de rebondissements.
Quelques personnages partaient pourtant avec de petites singularités (Wave, Lubbock , Susanoo) mais finissent bâclés et placés au second rang, les concepteurs préférant apparemment dessiner la tête de Chelsea plantée sur un pieu.
En fait, ce n'est qu'une surexposition de « trash », c'est insipide et fort dommage pour un topique qui se voulait tout de même accrocheur au départ. A mon sens, la forme à trop largement prit le dessus sur le fond qui s'endigue dans la banalité et sonne de plus en plus creux au fur et à mesure que l'on avance dans le scénario.
L'histoire est beaucoup trop axée sur la dualité « Night Raid »/« Jeagers » et oublie d'alimenter un conflit plus généralisé dont on ne sait finalement pas grand chose. Prenons par exemple la « résistance » (je ne retrouve plus le nom exact). On nous en parle à quelques reprises sans jamais vraiment nous plonger dedans, ce qui pourtant, selon moi, aurait dû être un axe essentiel de ce récit.
Il en va de même pour le premier ministre : archétype de l'avidité (dirais-je même peut-être des sept péchés capitaux) mais dont on ne sait rien de part sa transparence à l'écran ; ne parlons même pas du Roi.
Globalement les protagonistes ne sont pas assez travaillés et les seuls qui mériteraient un peu de place à l'affiche meurent prématurément ou sont relégués au terrible rang de « personnages secondaires ». Plus un individu est important plus sa mort est d'une cruauté sans merci : c'est une surenchère terriblement désagréable de scènes gores plus rocambolesques les unes que les autres. Et mon dieu ce que j'ai ri lorsque l'on arrive pratiquement a 1 épisode = 1 mort. A ce stade les développeurs nous révélaient déjà tristement qu'ils ne savaient pas faire autre chose que ce que j’appellerais du « spectaculaire maladroit et dérangeant ».
Recentrons maintenant un peu notre analyse : le deuxième point que je vais développer ici sera essentiellement axé sur le personnage d'Akame.
Généralement lorsque l'on attribue la particule « aka » qui signifie « rouge » à un personnage c'est qu'il va être de type sacrément lourd ou plus trivialement « badass » (Akabane, Akashi, Akatsuki et j'en passe). Ce n'est pas pour me déplaire et j'apprécie très souvent, mais attention à ne pas tomber dans l'overcheat.
Malheureusement, c'est pour moi ce qu'il arrive à notre petite Akame. Prenons ne serait-ce que son arme : Murasame (aïe, aïe, aie) un katana, il lui suffit de toucher d'une simple petite entaille son adversaire pour qu'il meurt. Alors bien-sûr, on se dit « wow trop stylé ! » mais plus objectivement : à quoi ça lui sert d'avoir un katana si juste une égratignure lui permet de buter n'importe qui ? Pourquoi pas une dague, un couteau, un rasoir même après tout ça aurait changé des habitudes au moins (non?).
Alors je vous l'accorde, le katana reste l'arme la plus classe de tous les temps mais c'est aussi de fait incontestablement la plus retrouvée dans les séries tous genres confondus. En fait j'ai trouvé ça frustrant d'avoir, force est de constater, une Akame enfermée dans la simplicité quand tous les membres du Night Raid ou presque jouissent d'un teigu atypique qui nous sort un peu du préconçu qui pend au nez de ce shonen. Enfin je conviens pour le coup de la vision très personnelle de la chose.
D'autre part son cara-design suffit à argumenter mon propos : cheveux longs, lisses et noirs avec une frange et un uniforme scolaire version « dark ». On retrouve cet esthétique partout : Jigoku shoujo, kill la kill, Brynhildr in the darkness, Ino X boku SS, Black bullet etc etc etc... Mince alors, je ne demande pas un arc-en-ciel de couleurs à la Kuroko no basket mais un peu de singularité serait tout de même bonne à prendre. Surtout pour une Akame qui se veut centrale à l'histoire. Encore une fois, les autres membres de la guilde y ont eux eu droit, ma question : pourquoi pas elle ?
Par ailleurs je ne décrirai sa personnalité qu'en un mot : monotone.
L'autre point que j'aimerai développer ici se penchera sur Esdeath : notre jolie « méchante ». Par écho à ça je divergerai également sur Najenda : boss officielle du Night Raid, leurs chemins étant censés, j'ai bien dit censés, être liés à la base.
Bon, côté apparence, on ne va pas polémiquer longtemps : fan-service.
Je m'explique : Esdeath se devait d'avoir un physique en adéquation avec le caractère qu'on lui octroie. De fait, des formes très généreuses, un décolleté qui nous laisse profiter du spectacle, des cheveux longs et blancs (oh trop fort ça s'oppose à Akame), une tenue militaire moulante comme on les apprécie et une peau d'un blanc si pur qu’allongée dans la neige on ne la retrouverait plus. Que c'est beau de voir se dresser sous nos yeux le « starter pack » d'un personnage qui se vend.
Enfin bon, c'est un point que l'on retrouve dans la majorité des animes, bons ou mauvais, donc je vais être indulgente et ne pas en dire plus là-dessus. D'ailleurs, si ça n'avait été que ça, je n'aurais pas pris la peine de consacrer un point entier sur elle. Non, ce qui me gêne davantage est ce qu'ils en ont fait. Lors des maigres mais précieux moments de narration qu'on nous accorde, il est dit qu'à l'époque Esdeath et Najenda étaient compagnes d'arme pour l'armée impériale, puis avec le temps, ont pris des routes différentes pour finalement devenir ennemies. Donc en tant que spectateur, on conclue logiquement : Esdeath → chef des Jeagers + Najenda → boss du Night Raid = duel à venir. C'est alors que, surprise ! cette confrontation n'aura jamais lieu, ou du moins pas comme on l'attendait. La rivale « number one » d'Esdeath n'étant finalement pas Najenda mais Akame. D'ailleurs, la gentille petite boss n'a tellement pas d'importance qu'on ne s'en étonne presque pas.
La raison est que notre jolie « fan-service girl » n'a pas un cœur de glace (vous avez compris la blague?) mais un cœur qui bat fort pour Tatsumi.
Le problème, c'est que l'on soupçonne que ce soit également le cas pour Akame, donc plus qu'une rivalité idéologique, on nous propose une lutte acharnée pour cette si belle cause qu'est l'amour. C'est mignon n'est-ce-pas ? Mais rassurez-moi, on est tous d'accord pour dire que ça n'a rien à faire dans cette histoire ? Comment faire perdre toute crédibilité à un protagoniste : une leçon qui nous a été proposée par Akame ga kill (applaudissement). Ah, attendez je rajoute un point à la liste des caractéristiques marketing d'Esdeath : cougar.
Trêve de plaisanterie, pourquoi nous incorporer du Roméo et Juliette, c'était déjà suffisamment fastidieux comme ça. En définitif, on assiste très clairement au massacre grotesque d'un caractère qui aurait pu nous séduire dans son préambule mais dont l'aboutissement laisse à désirer. Quant à Najenda, revenons rapidement sur elle quand même : elle attend aujourd'hui encore qu'on lui accorde un tant soit peu d'attention.
En résumé, AGK, c'est une salade d'éléments prédigérés, de combats ridicules qui perdent de leur intérêt plus l'on approche de la fin, une trame quasi inexistante. Ajoutez à ça une poignet de personnages pas charismatiques pour un sou avec une date de péremption et vous obtenez un bon animé de merde (oups ça m'a échappé... pardonnez ma vulgarité). Plus sérieusement, la fin ne nous abreuve d’aucune morale ou piste de réflexions préalablement définies : à tous ceux qui apprécient élargir leur champ spirituel, ce n'est pas ici que vous serez comblés. Lorsque l'on fait un feed-back sur cette œuvre on se rend rapidement compte qu'elle ne nous a absolument rien procuré : c'est du gâchis d'idées. On part d'un concept attrayant pour un résultat plus que médiocre.
Alors je vois déjà les fans inconditionnels venir me dire : « Non mais n'importe quoi, je veux bien que tu n'aies pas aimé mais il y a quand même des choses supers dans cet anime ! ». N'ayez craintes les loulous j'ai pensé à vous tout de même. Voici les quelques points positifs d'Akame ga kill :
-graphismes, il lui fallait bien ça.
-OST/openings/endings : rien à redire pour le coup, j'ai adoré les musiques.
-Une histoire courte en 24 épisodes, par conséquent le supplice n'est que de courte durée.
Afin de ne pas finir par pinailler, je clôturerai en disant que je ne recommande absolument pas cette œuvre galvaudée qui ne représente à mes yeux qu'une perte de temps. Cela dit j'invite tout de même les curieux à aller y jeter un œil afin de se forger leur propre opinion. Ja'ne !
PS : Vous aimez les œuvres d'Obha et Obata ? Retrouvez dorénavant ma chroniques sur Platinum end : https://youtu.be/KTzPA1JYqno