Sous-titre : Reconcevoir le Shônen mais pas trop.
C'est indéniable, Akame ga Kill! possède un vrai potentiel et se vend dès le premier épisode comme étant un shônen atypique : ambiance sombre, scènes gores et assassinats de sang-froid sont de la partie. Une approche plutôt seinen donc. Ajoutez à ça un pitch à priori intéressant et des personnages à priori profonds et l'espoir naît alors de réellement voir évoluer une oeuvre hors des sentiers battus habituels des shônen nekketsu.
Et au final, après avoir fini les 24 épisodes, la série tient-elle ses promesses?
Déjà, les dessins sont carrément beaux et le visuel est de manière générale réussi. On notera tout de même un manque d'inspiration assez évident pour le chara-design : il est soit trop générique (cheveux roses - yeux roses, cheveux jaunes - yeux jaunes) ou simplement inspiré d'autres séries (le fils du ministre c'est Scar de FMA en moins bien, Esdeath ressemble beaucoup à Satsuki de Kill la Kill et Kurome a des airs de Ryukko) ce qui n'est pas pour autant dérangeant. L'animation est la plupart du temps bonne, bien que l'on remarquera quelques inégalités d'un épisode à l'autre parfois. Les musiques respectent bien l'oeuvre bien que pas très marquantes.
Mais hélas, si ces seules qualités témoignaient de l'excellence d'une oeuvre, Guilty Crown serait l'un des meilleurs animés au monde et il se trouve que c'est loin d'être le cas. C'est parti donc pour les lacunes d'Akame ga Kill!
Tout d'abord, et c'est d'ailleurs en lien avec le titre de ma critique : Akame n'est pas le personnage principal. Et ce fait n'est à la base pas dérangeant mais on au fur et à mesure qu'on avance dans l'oeuvre et que Tatsumi s'avère être et reste le personnage principal, on a l'impression qu'un mec est systématiquement en train de nous dire "Mais si, regarde, c'est Akame le personnage central, regarde, elle est omniprésente dans les openings ! Et puis, regarde, le titre de l'oeuvre ! Je te jure que c'est elle" alors qu'il suffit de regarder les choses en face deux secondes pour se rendre compte de l'erreur. Une incompréhension de ma part alors quant au titre de la série.
Puisqu'on aborde justement les personnages, parlons du reste du cast. Effectivement, les personnages (notamment du côté Night Raid) sont sympathiques, plutôt bien foutus et attachants. On regrettera le passé donné à chacun qui est d'un bancal absolu => donner un passé sombre/triste quelconque à un perso pour justifier son engagement dans l'armée rebelle. Mais globalement, les personnages sont bien développés, bien que moins profonds qu'espéré. Ce manque de profondeur est au final un réel paradoxe de la série. Les assassins de Night Raid sont censés être des tueurs de sang-froid et le fait que finalement ils se battent au nom de principes louables rendait le contraste intéressant et la vision de la société moins manichéenne. Le problème est qu'on nous présente l'intégralité des haut-placés de la capitale et de l'armée comme étant des pourris, donc Night Raid sont simplement des justiciers, les gentils quoi, contre les méchants de la capitale. Le paradoxe est là : Night Raid avaient au début de l'oeuvre ce contraste d'assassins de sang-froid ayant commis des atrocités mêlé à des principes louables. Mais si finalement leurs ennemis ne sont que des salauds, et bien le contraste en est tout autre et on tombe dans une vision très manichéenne de la société à terme.
Pour contrebalancer un peu sur ce que je viens d'écrire, on pourra citer quelques personnages de la capitale ayant des principes tout autre que la soumission du peuple (Wave, Bors, Run..).
Mais toujours pour en revenir aux déceptions liées aux promesses initiales, le thème des assassins est quasi inexistant passé la première dizaine d'épisodes. On ne parle plus d'assassinats, l'action se déroule à 80% du temps de jour contrairement au début de la série. Et la série se transforme en même temps en un vrai Nekketsu, chose qu'elle semblait contourner de manière astucieuse quelques épisodes auparavant. On a alors droit au classique : méchants vs gentils (avec quelques exceptions au sein des Jaegers comme je l'ai souligné déjà) en plein jour en 6 vs 6 (quelle coïncidence !) avec des pouvoirs surnaturels en jeu.
Enfin, pour finir, j'aimerai analyser la relation Akame-Kurome. Bah ouais, quand même, c'est censé être le protagoniste et sa soeur l'antagoniste. Je l'ai trouvé assez cohérente cette relation, leur passé commun s'est révélé plutôt intéressant et le fait qu'elles aient été séparées par leurs motivations propres m'a paru un bon choix. Le souci c'est que Kurome est devenue nulle. Du moins, son personnage est devenu nul. Elle était une jeune fille d'apparence fragile, protégée par sa soeur et qui a dû s'endurcir pour survivre. Et elle est devenue une psychopathe random dont le seul but est d'assassiner sa bien-aimée soeur, pour lui prouver son amour. C'est juste devenu une tarée quelconque d'apparence gentille qui a finalement perdu la profondeur qu'elle avait étant enfant/adolescente. En comparaison, Akame est très intéressante, badass, classe et apporte un réel + à la série.
------------- GROS SPOIL --------------
Ah oui, et puis, les morts sont très mal fichues. En faisant mourir tout le monde, il n'y a plus aucune surprise à voir les membres de Night Raid mourir les uns après les autres et aucune mort n'a vraiment été triste, à part celle de Mine. La mort de Tatsumi s'étale sur 20 secondes en fin d'épisode, on dirait qu'ils avaient pas le temps les mecs.
----------- FIN DU SPOIL ---------------
En conclusion, Akame ga Kill! portait volontairement sur ses épaules de belles promesses faites dès les premiers épisodes qui dériveront au fur et à mesure de l'oeuvre pour plonger dans un Nekketsu des plus classiques qui n'a même plus d'atmosphère sombre, et qui ne tirera son côté Seinen que de part ses scènes gores. Les promesses s'effondrent les unes après les autres et c'est bien dommage. Malgré tout ce que j'en dis, la série possède de vraies qualités et bien qu'un peu déçu, j'ai pris beaucoup de plaisir en regardant Akame ga Kill!
La reconception du shônen c'est peut-être pas pour tout de suite, mais qui sait, la série a peut-être posé les bases d'une évolution du genre ?