Drama judiciaire, Remember raconte l'histoire de Seo Jin Wo, jeune homme hypermnésique qui devient avocat pour innocenter son père, condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis. Dans sa quête, il rencontre Lee In Ah, une jeune femme qui tombe sous son charme et croit seule en sa version des faits.
La série commence par un long flashback qui s'étend sur quatre épisodes et qui expose les conditions de la condamnation du père de Jin Wo. Ce premier passage, long et assez fade, ne doit pas vous décourager à continuer le visionnage. On se retrouve à partir du cinquième épisode quatre ans plus tard, alors que Jin Wo est devenu le plus jeune avocat du pays grâce à sa mémoire exceptionnelle et que In Ah est devenue procureure.
S'enclenche alors la deuxième partie de la série, où les deux protagonistes vont lutter contre le traditionnel méchant et véritable coupable de l'affaire qui a vu le père de Jin Wo condamné à mort, un héritier de chaebol, et qui est méchant parce que... pourquoi d'ailleurs ? Une explication, même clichée, aurait été bienvenue pour expliquer les tendances psychopathes de Nam Gyu Man, qui m'a beaucoup fait penser au grand méchant de Voice (sauf que dans ce drama, il y avait une véritable explication sur les raisons qui le poussaient à être un meurtrier sadique). Un combat à la David contre Goliath en somme, mais qui m'a gêné par l'inégalité beaucoup trop grande entre les "gentils" et les "méchants", qui finit par transformer les péripéties en une suite d'humiliations fort peu agréables pour nos héros, et par extension pour nous, spectateurs.
Pendant toute la série, je n'ai eu de cesse de faire la comparaison avec Stranger, modèle du genre judiciaire/policier/thriller, à côté duquel Remember fait bien pâle figure. L'idée du concept d'hypermnésie, intéressante, ne donne lieu qu'à quelques séquences stylées où la caméra plonge dans les yeux de Jin Wo. Défilent alors tous les détails qu'il a pu voir - voir seulement, car la mémoire n'est jamais envisagée autrement que par la vue, les quatre autres sens étant totalement délaissés. L'hypermnésie n'est en fait utilisée que comme un outil scénaristique qui permet de faire avancer l'intrigue de façon fort convenue, avec des retournements franchement prévisibles.
Je ne suis pas contre le principe de faire perdre la mémoire à Jin Wo lorsqu'il développe Alzheimer, au-delà du fait que c'est très improbable, voire irréaliste. C'est plutôt bien amené, progressivement. Cependant, le traitement de l'amnésie sur la durée est selon moi raté. D'abord parce qu'en tant que personnages Jin Wo, tout comme In Ah, manquent de profondeur, aussi bien au niveau de leur personnalité propre que de leur relation. Le premier se résume à un jeune homme meurtri par ce qui est arrivé à son père, tandis que l'autre est finalement très ordinaire dans sa psychologie, sans grande aspérité. L'absence d'une vraie romance entre les deux est fort dommageable, puisqu'elle aurait pu nouer de façon un peu plus poignante l'affaire judiciaire avec la disparition inexorable de la mémoire du héros, et donner à In Ah un rôle qui eût été beaucoup plus important (pourquoi pas celui d'une "mémoire vive", retenant les souvenirs de Jin Wo et les lui redonnant à mesure qu'il perd la mémoire ?). Là, il y a toujours cette distance qui demeure entre eux, une ambiguïté qui m'a empêché de ressentir une véritable peine pour Jin Wo.
Cette dimension n'est pas aidée par un jeu d'acteur très classique, par moments forcé. Tout ce flanc autour de Yoo Seung Ho et de Park Min Young (un cran au-dessus quand même)... ils ont une belle gueule mais bon ça ne va pas vraiment plus loin. Les acteurs de Park Dong Ho et de Nam Gyu Man m'ont davantage convaincu.
L'intrigue est plutôt maîtrisée, mais plombée par beaucoup d'incohérences et de facilités scénaristiques, qui me sont sorties par les yeux à la longue. La corruption dans le monde de la justice et de la police est utilisée à tout va dès qu'il s'agit de procéder à une pirouette scénaristique pour surprendre un peu le spectateur. Là encore, quand mon modèle en la matière s'appelle Stranger, je suis frustré... Si l'on ajoute à cela la fin, décevante à quelques exceptions près...
comme l'arbre de mémoire, très émouvant...
on obtient un drama moyen, qui ne réinvente finalement rien, et échoue à nous faire susciter l'émotion attendue dans une situation aussi dramatique. La conclusion finale en particulier m'a extrêmement déçu, pour ne pas dire choqué par sa fainéantise. C'est faire affront aux malades d'Alzheimer que de traiter la chose avec autant de légèreté. Un peu de sérieux et d'empathie n'auraient pas été de refus afin de rendre à cette maladie toute sa gravité.