Les aléas de jacter à l'ouest
Pensez à quelque chose qui ne vous intéresse pas, mais alors, pas du tout. Non, pas Matrix 3. La danse folklorique Albanaise ? C'est mieux. Voilà, c'est à peu prés l'intérêt que je porte à l'époque Gallo-romaine Cesarienne, d'où mon invincible réticence à voir cette série. Depuis, j'ai découvert que le sujet le plus rédhibitoire ou insignifiant pouvait être le terreau d'un grand film, ou dans le cas présent : d'une grande série.
Les deux saisons de Rome sont brèves mais incroyablement dense en évènements et rebondissements. La série s'étale sur quelques années mais prend bien le temps de poser son cadre et de lier le spectateur aux personnages.
On s'attache facilement aux deux principaux protagonistes, pourtant très peu communs et à toute la galerie de seconds rôles qu'on suit toujours de si prés, et avec une telle régularité qu'ils ne donnent pas vraiment l'impression d'en être.
Une mention pour la justesse de l'interprétation, à tous les niveaux. Aucun visage ne m'était connu mais tous m'ont fait très bonne impression et aucune fausse note ne vient ternir l'immersion. L'écriture des personnages et de leurs dialogues contribue beaucoup à cette impression de 'justesse', les rendant crédibles, humains et touchants.
Plus globalement, j'ai trouvé la série extrêmement puissante par la qualité de sa réalisation (parfois posée, presque contemplative et très dynamique l'instant d'après), ses décors et costumes qui trahissent un impressionnant souci du détail et de la crédibilité, mais surtout pour les vives émotions qu'elle sait susciter, en alternant des scènes d'action aussi brutales qu'efficaces (avec notamment un combat de Gladiateurs, qui enterre gentiment Gladiator malgré la différence de budget) et des passages poignants aptes à nouer ma gorge blasée.
Les auteurs ont su trouver un excellent équilibre entre la reconstitution et la fiction romanesque. C'est sensible dans l'image, avec une vision beaucoup plus sombre et sale que l'habituelle Rome du ciné Américain mais pourtant curieusement lumineuse, avec ses éclairages très contrastés et ses couleurs saturées. Il en va de même pour la construction des intrigues qui conjugue un réalisme violent et pragmatique, partiellement inhérent au choix de l'époque, et un aspect "épopée" lié aux prouesses héroïques de certains personnages.