On comprend mal ce que Steve, qui veut se débarrasser de son heritage familial lugubre en rasant son manoir, peut trouver à Joyce. Il est pourtant conscient que sans son manoir, ils ne partageraient sans doute pas le même lit. Il aurait pu être sous le charme, être de caractère masochiste ou tout simplement faible. Rien de tout ça qui aurait pourtant pu lui forger une personnalité dramatique intéressante.
Dans le même registre, que Joyce soit une vraie mechante qui par exemple eut pour motivation profonde et inavouée de s'acaparer les pouvoirs malefiques du manoir et de ses fantômes lui aurait conféré une puissance dramatique qui s'arrête ici à une insipide rivalité professionnelle...
Je ne vais par contre pas m'eterniser sur la pietre qualité cinematographique. Je ne citerais qu'un exemple : Cathy, seule, regarde par la fenêtre vers le solarium. Un visage de zombie apparaît : aucune réaction. Le plan suivant, elle sursaute à la vue d'un oiseau qui se precipite sur la vitre. Et ben nous, on a sursauté sur rien : ni sur l'oiseau qui ne provoque pas de scarejump, ni sur le zombie qui n'aura d'ailleurs aucune suite, comme en plein d'autres occurrences. C'est du cinéma au niveau du montage, si ce n'est dès le story board, d'un amateurisme crasse. Sans le budget confortable (pour un téléfilm) que S. King a pu lever sur son nom, le résultat serait du série Z pur jus.
La seule originalité reside dans le concept et le plan marketing : un faux documentaire sur l'affaire Rose Red a été diffusé quelques semaines avant le téléfilm, pour accréditer le côté "basé sur des faits réels". Un faux manuscrit "Le journal d'Ellen Rimbauer : ma vie à Rose Red", presenté comme un palimpseste annoté par Joyce, a été publié. Ce livre mettait en lien un site fictif de la fictive université Beaumont, pour accéder à des passages censurés. Bref, King a joué la rupture de la frontière reel/fiction de façon assez originale.
Dommage que toute cette stratégie n'aboutisse qu'à un téléfilm si faiblard.