RWBY
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RWBY

Dessin animé (cartoons) Rooster Teeth (2013)

Reprenons depuis le début : à la base de RWBY, il y a Red vs Blue, série machinima basée sur la saga Halo. Depuis 2004, la websérie a su évoluer de la simple comédie vers une vraie saga tragicomique, à la trame solide et aux personnages véritablement marquants. Pour accompagner la mutation de leur création, les gars de Rooster Teeth ont l'idée, dès la saison 8 de RvB, d'engager un animateur : Monty Oum, jusque là indépendant. Oum a tôt fait de marquer la série de son emprunte et prend un malin plaisir à entrecouper les dialogue statiques et grinçants de longues et spectaculaires séquences d'action. Son style mise sur un mouvement rapide et nerveux, des chorégraphies complexes et un vrai sens de la démesure cartoonesque. L'apport de l'animateur est bien reçu par la communauté et lui offre la renommée nécessaire pour proposer à Rooster Teeth son propre projet de série : RWBY. Après la saison 10 de RvB, Monty quitte RvB et met sur pied sa création, pour laquelle il restera principal maître à bord jusqu'à son tragique décès début 2015. La série a depuis été reprise en main par le reste de l'équipe de Rooster Teeth, pour la saison 3 et toutes celles à venir.


RWBY, c'est donc avant tout un projet de passionné, le fantasme incarné à l'écran d'un animateur qu'on devine biberonné aux mangas et autres anime. Toutefois, conformément à son travail sur RvB, Monty opte ici pour une animation entièrement numérique, au rendu très jeu-vidéoludique. La série est un vrai terreau d'influences, qui sont palpables dès le générique d'introduction. Jeunes filles aux designs de magical girls exacerbés, baston à coup de grosses armes blanches/flingues (l'un se transformant souvent en l'autre), trame bien manichéenne sur fond de grande bataille du bien contre le mal... RWBY ne vise pas spécialement l'originalité, plaçant ses enjeux entre de la chasse aux monstres lambda et un univers scolaire n'étant pas sans rappeler... Harry Potter. Oui oui, tout y est, du directeur bienveillant, malicieux et secrètement surpuissant, à sa seconde sévère mais juste, en passant par le groupe d'amis gérant péniblement la balance entre vie d'étudiant lambda et enquête pour démasquer le grand méchant. Resucée d'une oeuvre tendant déjà fortement vers le melting-pot à la base donc. Ce n'est clairement pas du côté de l'univers que se situe l'intérêt de l'oeuvre.


Côté personnages non plus, RWBY ne révolutionne pas grand chose. Les quatre protagonistes principales, quatre jeunes apprenties "chasseuses" ont chacune leur archétype. Ruby, l'héroïne, est la leadeuse naïve et un peu simplette mais déterminée et renfermant une force insoupçonnée. Sa grande soeur, Yang, est la dynamique blagueuse et impitoyable combattante, en particulier quand on l'énerve. Weiss est l'enfant gâtée et chieuse de service (mais en fait pas trop). Et Blake est l'émo introvertie au lourd secret. Chacune d'entre elle représentant une couleur (Red, Yellow, White, Black, tiens comme le titre, qui se prononce comme le nom de l'héroïne, habile !). Toutefois, c'est là qu'on retrouve la patte Rooster Teeth puisque Monty et ses scénaristes parviennent à rendre leurs combattantes vraiment attachantes et à développer une vraie dynamique de groupe. On pourrait en dire de même des rôles plus secondaires, tel le maladroit mais courageux (et assez drôle) Jaune ou l'invincible mais humble Pyrrha. Parfois maladroite dans son exposition, la série n'oublie jamais de donner du poids aux motivations de tous ses intervenants, leur faisant dépasser une première image quelque peu infantile de combattants classes et poseurs. Rien d'exceptionnel mais le sens de l'écriture des dialogues et des situations de RT fait mouche.


D'autant plus que RWBY construit son intérêt sur la durée. La première saison, assez courte au vu de la faible durée de certains épisodes, est parfois laborieuse. L'intrigue peine à se mettre en place, les personnages sont introduits et ébauchés plutôt que réellement approfondis et les enjeux principaux manquent de poids. Une seconde saison plus maîtrisée relève déjà l'intérêt de l'ensemble en rendant la menace plus concrète tout en creusant les relations. Mais c'est véritablement la troisième (et dernière à ce jour) rafale qui lance définitivement les hostilités. Le scénario use d'une ficelle, maintes fois vue dans l'univers du shônen mais ô combien efficace


Je parle bien sûr du tournoi qui va évidemment mal tourner


, pour construire une intrigue plus dense, plus relevée et bien plus passionnante. Cette fois-ci c'est du sérieux, et les scénaristes n'hésitent pas à noircir le ton en plaçant les quatre chasseuses dans une situation plus désespérée que jamais. Autant dire que le dernier épisode aura marqué les esprits et que la conclusion augure du meilleur pour la suite.


[EDIT SAISON 4 : Définitivement différent du Volume 3, le 4e est un chouïa moins percutant. C’est avant tout une saison de transition, centrée sur la thématique du deuil et du retour aux racines familiales pour les différents personnages. Une intrigue moins intense donc, mais davantage de moments d’introspection, de questionnement et de mise en place de l’univers. La


séparation du quatuor principal


permet de bien approfondir leurs arcs narratifs respectifs, et de mettre en avant des personnages d’habitude plus secondaires, mais a comme revers une impression de surplace quand à la progression globale de l’intrigue. On a donc un petit sentiment de trop peu à la fin du 12e épisode, et la structure globale n’est pas aussi bien géré que pour la saison 3 - avec notamment un conflit et une résolution de dernière minute pour le personnage de Ren. Reste que c’est très prometteur pour la suite.]


[EDIT Saison 5 : Une cinquième saison à mi-chemin entre les deux précédentes. On retrouve le rythme plus lent de la saison 4 mais l'intrigue principale avance bien, on a droit à quelque révélations et retournements de situation qui auront un vrai impact sur la suite. Tous les arcs narratifs introduits dans la saison précédente prennent enfin leur sens ici. On a également droit à pas mal de beaux moments entre les personnages et en particulier celui de Yang. La guerrière au sang chaud est sans doute celle des quatre héroïnes principales la plus mise en avant ici, sa relation conflictuelle avec sa mère étant placée au centre des enjeux principaux. L'écriture globale des personnages ne cesse de s'améliorer, le seul point noir pour moi étant que Ruby reste la moins intéressante du quatuor alors que c'est quand même elle qui donne son nom à la série.
J'ai énormément pris mon pied et ça fait plaisir de re reste cependant un poil en dessous du volume 3 dont la construction en crescendo et l'intensité dramatique restent imbattables


Et Rooster Teeth a tellement atteint des sommets de tragédie avec la mort de Pyrrha que j'ai du mal à les voir surpasser ça.


Petite remarque : les scènes d'action sont de plus en plus en retrait. Dans cette saison, elles sont concentrées sur les derniers épisodes et une seule sort vraiment du lot (si vous avez vu l'épisode, vous savez de laquelle je parle). En terme de mise en scène et de spectaculaire, on n'atteint plus jamais le niveau des affrontements sous l'ère Monty Oum. Ça ne me dérange pas forcément parce que ça permet de mettre d'autres choses en avant, mais c'est marrant de remarquer que le plus gros point fort de la série dans ses deux premières saison est désormais presque devenu sa faiblesse. ]


En terme d'animation, là aussi l'intérêt se construit sur la durée. Les débuts accusent sévèrement le manque de budget, entre mouvements parfois grossiers, absence de détails, décors vides... Ce sont surtout les scènes d'action qui sortent du lot, on y retrouve toute la maîtrise de Monty Oum et son sens des affrontements démesurés au rythme effréné. L'animation 3D, limitée dans les moments plus calmes, trouve ici tout son sens. La qualité graphique de la série ne fait toutefois que s'améliorer et gagne en finesse, en richesse dans l'animation faciale comme dans les décors, et en puissance dans des joutes toujours plus impressionnantes. Cependant, il m'apparaît difficile de qualifier RWBY de "beau", l'animation 3D en séries est déjà techniquement bien en deçà de ce qui se fait actuellement au cinéma, ne parlons pas d'une websérie au budget moindre. Disons que les animateurs sont parvenus à un résultat tout à fait honorable et que les choix formels derrière RWBY trouvent une justification dans le dynamisme de ses scènes d'action. La direction artistique est en revanche assez pauvre, le chara-design est peu inspiré (en particulier concernant les modèles masculins me semble-t-il) et la charte graphique globale peine à trouver une vraie patte.


La série bénéficie en revanche d'un très bon doublage, les habitués de Red vs Blue reconnaîtront même occasionnellement l'une ou l'autre voix (entre autres Jen Brown aka Agent Carolina derrière le visage de Pyrrha). La BO consiste surtout en du metal assez asceptisé dans un style "générique d'anime" mais ne manquant pas de peps lors des scènes les plus dynamiques.


RWBY n'est indéniablement pas une grande série. Il faut avant tout l'aborder comme un divertissement pas trop exigeant, généreux dans son action, attachant par ses personnages et leurs relations, mais à l'inventivité relativement nulle et au rendu graphique limité. Cependant, le véritable bon en qualité effectué avec la saison 3 me laisse penser que la série a vraiment trouvé ses marques et ne peut que gagner en qualité à l'avenir.

Yayap
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le 29 mai 2016

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