Sac d'os, c’est un peu comme si tu entrais dans une maison hantée avec une lampe de poche à moitié déchargée, t’attendant à sursauter à chaque coin… mais que, finalement, tu passes plus de temps à te demander où est l’action qu’à frissonner. Adapté du roman de Stephen King, ce téléfilm en deux parties promettait de nous plonger dans l’angoisse, avec des fantômes, des secrets de famille et du mystère à la pelle. Mais ce qu’on finit par avoir, c’est un sac (d'os ?) d’intrigues un peu décharnées, manquant de substance et surtout de ce petit frisson qui fait la signature de King.
L’histoire suit Mike Noonan (joué par Pierce Brosnan), un écrivain en deuil qui, après la mort tragique de sa femme, décide de se retirer dans une maison au bord d’un lac (parce que c’est toujours une bonne idée de s’isoler quand les fantômes sont dans les parages, n’est-ce pas ?). Évidemment, la maison est hantée, des mystères du passé refont surface, et Mike se retrouve pris dans une toile de secrets aussi anciens que dérangeants. Sauf que voilà, ce qui aurait pu être une plongée terrifiante dans l’horreur psychologique ressemble plus à une balade lente dans un décor grisâtre où les fantômes semblent aussi fatigués que le scénario.
Pierce Brosnan, habituellement charismatique, a ici l’air d’un homme perdu dans une brume narrative. Il fait ce qu’il peut pour incarner un Mike en deuil, traumatisé par des visions et des rêves étranges, mais le scénario ne lui laisse pas vraiment de quoi briller. Au lieu d’incarner un homme brisé et hanté, il se contente souvent d’errer dans des pièces sombres avec l’expression d’un mec qui aurait perdu ses clés. On aurait voulu sentir la tension, l’angoisse, mais au lieu de ça, c’est un peu comme si chaque scène lui disait : "Pierce, fais semblant d’être effrayé, mais pas trop, on garde le budget pour plus tard."
Les personnages secondaires, quant à eux, sont aussi évanescents que les fantômes censés hanter l’histoire. Ils apparaissent, disent quelques répliques cryptiques, puis disparaissent sans vraiment marquer le spectateur. Le manque d'alchimie entre eux et Mike rend le tout encore plus poussif, comme si tout le monde jouait à cache-cache avec le scénario. Même les méchants, censés être intimidants ou mystérieux, n’arrivent pas à instaurer cette menace latente qu’on attend dans une bonne histoire de maison hantée.
Visuellement, Sac d'os tente de créer une atmosphère pesante, avec des décors sombres, des bois mystérieux et un lac qui semble cacher bien des secrets. Mais encore une fois, ça tombe à plat. Ce qui devrait être une ambiance oppressante finit par ressembler à une carte postale brumeuse où rien ne bouge. Les effets spéciaux, quant à eux, ne font pas grand-chose pour sauver l’ensemble. Les apparitions fantomatiques sont loin d’être terrifiantes, et même les moments censés te faire sursauter tombent à l’eau comme un caillou dans ce fameux lac maudit.
Le rythme de la mini-série est probablement l’un de ses plus gros défauts. Ça traîne, ça piétine, et on a l’impression que l’histoire essaie désespérément de remplir ses deux parties en ajoutant des dialogues inutiles et des scènes de contemplation qui n’apportent rien. On attend désespérément que quelque chose de vraiment effrayant arrive, mais c’est comme si la série elle-même s’était endormie en route. Ce qui devait être une montée progressive vers un climax terrifiant ressemble davantage à une ballade tranquille où tu finis par te demander si tu n’as pas manqué l’horreur en clignant des yeux.
Bien sûr, en tant qu’adaptation de Stephen King, Sac d'os essaye de jouer sur les thèmes récurrents de l’auteur : le deuil, les traumatismes du passé, les secrets enfouis… Mais ici, tout est traité de manière si superficielle que tu as l’impression de voir une version édulcorée de ce qui aurait pu être un grand film d’horreur psychologique. Le poids émotionnel de l’histoire, qui aurait dû te tirer dans les profondeurs de l’angoisse, se retrouve noyé dans une mer de dialogues creux et de scènes trop longues.
En résumé, Sac d'os est un téléfilm qui promet beaucoup mais qui, à force de lenteur et de manque d’intensité, finit par perdre son public avant même de pouvoir vraiment l’effrayer. Si tu t’attendais à être hanté par des scènes glaçantes et des mystères à couper le souffle, tu risques de rester aussi perplexe que Mike devant ses propres visions floues. C’est un peu comme ouvrir un coffre aux trésors pour découvrir qu’il est rempli de poussière : il y a peut-être quelque chose d’intéressant là-dedans, mais il faut beaucoup trop d’efforts pour le trouver.