Le goût des autres

Klapisch, encore, filme des gens qui se croisent, qui s’aiment, qui se quittent et se retrouvent. Comme je ne compte pas me soustraire au festival de jeux de mots culinaires, je dirais que Salade Grecque réunit tous les ingrédients que j’aime de son cinéma et de son écriture.

On suit Tom et Mia, enfants de nos chers Xavier et Wendy, à Athènes. Déliés par la vie, par leurs choix, leurs caractères, puis rassemblés par un héritage familial étrange : un immeuble autour duquel se tressent des enjeux parfois intimes, parfois politiques, souvent les deux. Un immeuble en ruine, dans la ville des ruines, berceau d’une civilisation européenne aujourd’hui sur une brèche. Klapisch filme une jeunesse qui essaye d’exister sous un toit qui menace de s’effondrer.

Les symboles sont forts, multiples, comme les thèmes abordés, la galerie de personnages - tous attachants, tous intéressants - et le déroulé des évènements évite brillamment l’inélégance d’une liste de sujets d’actualité pour laisser en bouche l’idée d’une salade, le goût d’un joyeux désordre étudié.

Je reste bouleversé par la capacité de Kapisch à raconter des histoires à hauteur d’homme et de femme (ou de garçon et de fille). Il y a une sincérité qui - il me semble - dépasse le cadre de l’intrigue et ses enjeux. C’est réussir à capter ce qui fait la vie, la jeunesse dans ses manifestations les plus simples et donc les plus touchantes.

Le regard n’est pas précepteur, il est tendre et bienveillant. Il n’y a rien à enseigner dans ce Jardin d’Epicure. On ne condamne cette génération ni à la réussite, ni à l’échec ; ne glissant en filigrane qu’une seule morale : il faut cultiver son goût des autres.