Pourquoi ai-je commencé à regarder ça ? Malgré les bonnes notes, je savais que ce n'était pas pour moi, que j'allais juste ressortir de ce truc angoissé… bon bah, ce fut le cas.
Outre les dessins « gribouillis », à la mode depuis une dizaine d'années, et dont je ne suis pas particulièrement fan (mais bon ça, à la limite, je m'en moque un peu, ça témoigne notamment d'une volonté de raconter quelque chose plus que de le montrer), j'ai vraiment du mal à me figurer à quel point les aventures que vit Samuel sont crédibles ou non. Surtout qu'à côté de ça, Samuel, et par corollaire la réalisatrice, sont de la même génération que moi, à deux ans près : j'avais constamment l'impression que la série me parlait, me montrait, des trucs que j'avais connus, tout en m'excluant à chaque instant, me montrant un passé qui n'était pas le mien. Bon après, je dois avouer que le fait d'avoir été le genre d'élève un peu/beaucoup/totalement weird du collège joue fort probablement là-dedans.
Très franchement, chaque épisode était plus angoissant qu'une dizaine de films d'horreur en entier (et je n'exagère pas). À l'heure où j'écris ces lignes, ça fait un mois que j'ai vu la série, et bon, ça va, j'ai réussi à surmonter depuis, mais il ne faut absolument pas que je regarde un épisode de nouveau. Même si j'avoue que je suis un peu fautif dans l'histoire, vu que j'aurais pu m'arrêter en plein milieu. Je suppose qu'il y a un rapprochement à faire entre Samuel et la nourriture industrielle : c'est bourré d'additifs, une fois commencé on est obligé de terminer le paquet, et on regrette forcément après coup. À moins qu'il y ait une part de masochisme en moi… je dois avoir un truc, genre une maladie…
Reste que je ne peux que saluer le travail d'Émilie Tronche. Déjà parce qu'elle a à peu près tout fait (autrice, réalisatrice, capture de mouvement, voix), mais surtout, car elle a fait tout ça plutôt bien. Sur l'écriture, par exemple, on a l'impression que ce sont des enfants de 10-11 ans qui parlent… un défi qui n'est pas forcément réussi par tous les auteurs. Même concernant les voix, il y a toujours ce petit changement, dans le ton et l'intonation, qui fait qu'on arrive facilement à faire la distinction entre les différents personnages, alors qu'ils sont tous doublés par la même personne pour rappel. Et même au niveau de la variété, y a très souvent une idée sympa quelque part, que ce soit artistiquement ou narrativement. La série arrive curieusement bien à se renouveler (et donc à renouveler mon angoisse) malgré sa faible durée.
M'enfin, voilà, l'essentiel est là, et comme l'a si bien dit la réalisatrice : « Samuel, je l’ai d’abord fait pour moi. C’est un élan nostalgique du goût de l’enfance, une replongée dans mes souvenirs, qui remontent sous des formes parfois étonnantes. » Jugeant que la nostalgie est un poison, Samuel l'est donc tout autant pour moi, qu'importent ses qualités. En plus, la série se permet même de faire écho à des musiques qui ne sont pas de notre génération (Un homme heureux, The Winner Takes It All…), c'est doublement condamnable !
Il serait temps d'étouffer SON passé une bonne fois pour toutes.