Mon cher journal, salut c’est moi. Aujourd’hui ça va et ça va pas. Je m’explique. Ça va parce que j’ai vu une série trop bien (et que j’ai mangé pour le gouter une glace ET un pain au chocolat ET une crêpe avec de la chantilly), et ça va pas parce que je suis jaloux (et que j’ai un peu mal au ventre) …
Je suis jaloux parce que j’aurai aimé écrire cette série, parce que ça me souffle comment en trois ou quatre minutes, chaque épisode réussit à m'émouvoir et me faire rire, en se concentrant sur l'essentiel, à savoir l'écriture et la mise en scène. Parce que oui, on peut faire du noir et blanc minimaliste et être beau, être lunaire, être à la fois simple et complexe, poétique, drôle et émouvant, emprunt de bienveillance et de douceur. Et ça c’est fort.
Et c'est cette simplicité qui fait tout le charme de cette série, où chaque épisode est une petite pièce d'orfèvrerie, où chaque mot est choisi avec précaution, où chaque situation banale se transforme en récit universel, où chaque note de musique vient porter une intention et enrichir le récit, et où les personnages sont tous touchants et construits d'un point de vue psychologique et dramaturgique.
Alors oui, certains vont dire que je m'emporte et même trouver ça moche, mais perso j'adore ce style basique qui rappelle justement les dessins d'enfants dans l'idée, avec ses traits déformés et ses formes simplifiées, alliant ainsi le fond et la forme en racontant cette histoire à hauteur d'enfant.
Et justement, cet enfant c'est Samuel, 10 ans, petit gars qui raconte ses journées dans son journal intime, dévoilant ses premiers émois, ses déceptions, ses peines et ses joies, nous parlant de ses copains, de l'école, des vacances, des petites hontes, de la difficulté de témoigner ses sentiments et d'être soi-même, et de toutes ces petites choses qui nous construisent et qu'on a oublié avec le temps parce qu’elles sont justement anodines. Et c'est bien cette simplicité du trait qui permet de se concentrer sur l'essentiel et de poser son regard sur ce qui important : les visages, les expressions, et ainsi faire ressentir au mieux les sentiments complexes et nouveaux - et souvent incompréhensibles - qui nous traversent à cet âge-là.
Bref, si sur la forme cela parait simpliste (mais parfaitement animé et maitrisé), sur le fond c'est un portrait étonnamment profond de l'enfance, touchant et souvent très drôle, que ce soit dans les dialogues ou la mise en scène, toujours inspirée et au service du récit, sans artifice, mais non sans poésie.
Et tu sais quoi encore journal ? En vrai ca va quand même, parce que je suis content, parce que cette série est visible gratuitement sur le site d'Arte, et que tout le monde peut la voir, ou au moins y jeter un œil par curiosité, pour se (re)plonger dans son enfance, et peut être avoir un regard ému ou amusé sur ses propres souvenirs, sur son passé, et pourquoi pas envisager les choses avec plus de légèreté, parce que ce qui est important, dans le fond, c’est pourquoi Sophie elle me regarde pas ?! Hein ?! Je suis pas plus mal qu’un autre moi ! Mais non là elle a des yeux que pour Gaspard, alors qu’il pue en plus ! C’est pas moi quoi le dit hein, c’est tout le monde ! En plus c’est quoi ce prénom ? Gaspard ! Ça rime avec batard ouais ! Holala j’espère que personne lira ça c'est trop nul comme vanne. HEY ! si vous lisez mon journal lâchez le de suite ! Vous avez pas le droit ! c’est intime !