On peut voir en Samuraï Champloo un descendent légitime de Cowboy Bebop du même auteur Schinichiro Watanabe. A l'espace on troque la période d'Edo au japon, à la bande son jazz on obtient le hip-hop.
La série tire ses influences d'un peu partout, de la culture japonaise traditionnelle à la culture hip-hop et alternative américaine des années 70. Comme c'était le cas dans son prédécesseur, ce brassage culturel constitue la grande force de la série.
Dés le premier épisode les bases sont posées : Bande son hip-hop à l'ancienne, c'est beau, bien animé, un peu déjanté et surtout ça va gicler et ça va trancher. Les trois personnages principaux nous sont savamment présenté et le fil directeur est posé : Retrouver le samouraï qui sent le tournesol.
Puis vient la désillusion. A la naissance du trio principal et de ce fil rouge, on se se farcit quelques épisodes de remplissage. Du vide duquel jaillit parfois de l'audace et du génie mais globalement l'excitation du premier épisode redescend. Les épisodes ayant chacun leurs petites histoires, on retrouve les mêmes défauts que pour sa série paternelle, à savoir des épisodes de qualité inégale. On peut passer d'un chapitre splendide sur l'identité d'un des personnage à un concours de bouffe à Hiroshima. Bref, Passé les dix premiers épisodes, j'étais à deux doigts de m'arrêter et de passer à coté de ce qui est probablement désormais un de mes classiques de l'animation japonaise.
Si effectivement les histoires sont de qualité inégale, la série décolle passée les dix premiers épisodes pour monter crescendo jusqu'à un dernier tiers dantesque.
Le fil directeur de l'histoire assure l'essentiel, en renforçant et questionnant les liens entre les personnages et en nous permettant notamment d'en apprendre plus sur leur background. Mais finalement, ce sont bien ces épisodes de remplissages parfois presque parodique qui deviennent les plus drôles et les plus jouissifs.
Le Street art, la religion, les contrôle aux frontières, les occidentaux tout y passe, les situations tantôt hilarantes, tantôt épiques se multiplient. Ce sont dans ces moments que se créé la cohésion au sein du trio et notre attachement aux personnages. La série ne cesse de changer de ton comme le font beaucoup d'animés japonais toutefois, la série ne se limite pas à cela.
Le choix de faire se dérouler le récit durant la période d'Edo au japon n'est pas anodin. L'anime est à la fois respectueuse de la période historique choisie : Les samouraï existent toujours, le pouvoir étatique est fort, le japon est fermé au pays extérieur et à la modernité ce qui entraîne un renforcement de la culture locale. Pourtant ce côté traditionnel se retrouve dans la série à côtoyer une infinité d'autres cultures et en particulier la culture liée à la mouvance hip-hop.
Car oui, même si l'histoire se situe durant l'ère d'Edo, Samuraï Champloo évoque surtout la société moderne japonaise tiraillé entre un héritage traditionnel historique fort et une course effrénée à la modernité.
Elle dresse un portrait bien morose de ce que constitue le Japon d'aujourd'hui. La modernité fait peur, les jeunes ne respectent rien, ils effraient les anciens. D'un autre côté la tradition est dépassée, peu à peu oubliée, pire ses représentants sont corrompue, les samouraï eux même ne respectent plus leurs préceptes, les vieux sages ne pensent qu'aux femmes et à l'argent.
Ce découpage se retrouve jusque dans la caractérisation des personnages principaux. Mugen est impulsif, fougueux et têtu, il ne respecte rien et surtout pas la tradition samouraï, il incarne à lui seul la modernité. Jin est calme et sage, il est issue d'une école de samouraï, il représente la tradition.
Si Le maillage entre les deux personnages et donc entre les deux entités paraît au départ impossible, puisque les deux garnements n'aspirent qu'à s'entretuer, c'est bien du troisième personnage Fuu que viendra l'espoir.
Durant les épisodes majeurs, les deux personnages de Mugen et de Jin ne cessent de se quitter puis de se retrouver face à l'apparente impossibilité de cohabitation. Au fil de leurs aventures une alternative radieuse pour l'équilibre du trio et donc par extension du japon apparaît. C'est bien Fuu, la plus jeune du trio qui est à l'origine de la création du trio et donc du lien qui unit les deux personnages opposés. Elle est le ciment du groupe, c'est elle qui souhaite et entretien la bonne entente entre Jin et Mugen, entre tradition et modernité.
Grâce à elle les deux hommes finissent par s'apprécier et refusent leur combat initialement prévu, un attachement entre les trois personnages s’étant créé.
Fuu incarne donc les générations futurs en qui sont portés beaucoup d'espoirs, c'est avec ces nouvelles générations que modernité et tradition finiront par Cohabiter à l'image du défi que le Japon actuel va devoir relever.
Un superbe message d'espoir donc pour une série qui constitue définitivement un coup de coeur.