San Ku Kai
5.9
San Ku Kai

Drama TV Asahi (1978)

Quand les années 70 rencontrent l’espace avec des pyjamas moulants

San Ku Kai (ou Message from Space: Galactic Wars en version plus sérieuse) est un chef-d’œuvre du kitsch spatial. C’est comme si quelqu’un avait pris un vieux feuilleton de science-fiction, mélangé avec une série de super-héros en collants des années 70, et rajouté un zeste de Star Wars bon marché. Le résultat ? Une aventure spatiale où les effets spéciaux semblent faits avec des rouleaux de papier aluminium et où le futur ressemble étrangement à une discothèque sous acide.


L’histoire de San Ku Kai est assez simple : dans un futur lointain, l’univers est menacé par le terrible empereur Golem XIII et ses sbires aux costumes douteux. Heureusement, un groupe de héros intrépides est là pour sauver la galaxie, mené par Ayato et Ryu, nos deux héros vêtus de combinaisons si moulantes qu’on se demande s’ils ne passent pas plus de temps à ajuster leur tenue qu’à combattre. Ils voyagent à bord de leur vaisseau, le San Ku Kai, une sorte de fusée croisée avec un jouet Fisher-Price, prêt à foncer dans les aventures les plus improbables.


Côté méchants, Golem XIII et ses troupes sont un spectacle en soi. Chaque épisode nous offre un défilé de costumes ridicules, avec des masques en plastique mal ajustés, des armures qui semblent faites en carton, et des rires diaboliques dignes des plus grands méchants de cartoon. C’est comme si on avait recruté tous les figurants d’une parade de carnaval pour jouer les rôles de méchants galactiques. Leurs plans pour conquérir l’univers sont souvent aussi excentriques que leurs tenues, oscillant entre l’invasion spatiale et le kidnapping de personnages qui ne semblent jamais trop inquiets de leur sort.


Les combats spatiaux sont un autre point fort de San Ku Kai, ou plutôt un point "fort" si on les regarde avec l’œil indulgent de la nostalgie. Les vaisseaux semblent glisser dans l’espace comme des voitures télécommandées, avec des explosions dignes d’un feu d’artifice de fin de fête foraine. Les effets spéciaux, pour l’époque, sont... disons, ambitieux, mais souvent ratés. On sent bien que les explosions sont des pétards et que les astéroïdes sont probablement des morceaux de mousse peints à la va-vite. Mais c’est justement ça qui donne à la série son charme unique : elle ne prétend jamais être sérieuse.


Les dialogues, quant à eux, sont un pur bonheur de clichés et de phrases grandiloquentes. Les personnages parlent souvent de "sauver l’univers" ou de "repousser les forces du mal" avec une gravité qui contraste terriblement avec les décors en papier mâché autour d’eux. Les moments de tension sont souvent désamorcés par des répliques involontairement comiques, et on se demande parfois si les acteurs eux-mêmes ne se rendent pas compte de l’absurdité des situations dans lesquelles ils se trouvent.


Mais derrière tout ce kitsch visuel et ces dialogues pompeux, San Ku Kai a ce quelque chose d’irrésistible : une naïveté et une innocence qui manquent souvent dans la science-fiction moderne. La série ne se prend pas au sérieux, et c’est peut-être là sa plus grande force. Oui, les effets spéciaux sont datés. Oui, les costumes sont ridicules. Mais il y a une vraie volonté de raconter une histoire épique, de faire rêver les téléspectateurs avec des combats galactiques, des héros courageux, et des méchants grotesques. C’est un peu comme si un enfant avait eu un budget limité pour réaliser son rêve de science-fiction, et le résultat est un mélange joyeux de grandiloquence et de bricolage.


Les personnages eux-mêmes sont un mélange de stéréotypes des années 70 : le héros intrépide qui n’a jamais peur, son fidèle acolyte qui se bat avec des bâtons laser, et une galerie de compagnons tous plus improbables les uns que les autres. Mention spéciale à Siman, le robot humanoïde dont le look pourrait faire pâlir de jalousie un mannequin de vitrine de grand magasin. Avec son design étrange et sa capacité à voler, il devient rapidement l’un des personnages les plus mémorables (et ridicules) de la série.


Visuellement, San Ku Kai est un festival de couleurs criardes, de lumières clignotantes et de décors dignes des plateaux de tournage les plus fauchés. Les intérieurs des vaisseaux ressemblent souvent à des salles de classe réaménagées, avec des boutons en plastique et des écrans qui affichent des animations à peine animées. Les scènes de combat au sol se déroulent souvent dans des carrières ou des forêts qui ne font même pas semblant d’être sur une autre planète. Mais encore une fois, c’est cette économie de moyens qui rend le tout attachant.


En résumé, San Ku Kai est une série qui a clairement été réalisée avec plus d’enthousiasme que de budget, mais qui réussit à captiver malgré (ou grâce à) ses nombreux défauts. Si tu aimes la science-fiction kitsch, les combats spatiaux où tout explose sans raison apparente, et les méchants dignes des meilleurs déguisements de fête, alors San Ku Kai est fait pour toi. C’est une série qui fait sourire, parfois malgré elle, mais qui reste un monument du genre pour tous les amateurs de rétro-futurisme et de pyjamas moulants galactiques.

CinephageAiguise
6

Créée

le 15 oct. 2024

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