Aïe aïe aïe... le 6 était généreux. Le pitch : une agente immobilière devient une morte-vivante du jour au lendemain. Elle a besoin de tuer afin de manger de la chair humaine. Son mari et binôme se plie à ses vœux de mariages et la soutient corps et âme. Enfin, "âme". La série en a-t'elle seulement une ?
Franchement, du haut d'une expérience somme toute très relative, le jeu d'acteur et le scénario confinent souvent au nanardesque. Timothy Olymphant est au mieux inégal, et Drew Barrymore est un cliché sorti tout droit de Desperate Housewives. Où se situe le mauvais jeu, où commence le mauvais scénario, impossible à savoir : Barrymore est le cliché de la ménagère américaine se foutant de tout (maintenant qu'elle est morte), et Olymphant est... le cliché de l'homme plus faible et fragile qui tergiverse trente minute sur "faut-il tuer" quand son épouse a déjà englouti le macchabée. Evolution : 0, et on a déjà trois saisons sous le coude pour être juge. Tout juste Joël (Olymphant) est un peu habitué maintenant, et souhaite se rendre utile, mais il ne parvient évidemment pas à se défendre. Une pointe d'originalité réside quand même dans le fait qu'ils ne sont pas super doués pour tuer, voir franchement nuls. Mais cette nullité devient même énervante, à force, pour le spectateur. Heureusement que d'autres problèmes leur arrivent dessus, sinon la série serait bonne à être enterrée.
On saute un rang d'importance dans les personnages et on passe aux couples voisins de Joël et Sheila (Barrymore). Entre la voisine nympho, le méchant flic super suspicieux, le pote flic qui ne pose pas de questions et sa copine que l'on qualifiera de transparente, il n'y a rien. 0 inventivité. On peut tout juste noter la présence éphémère d'une sorte de témoin de Jéhovah lesbienne plutôt maligne, mais elle se barre et... on s'en fout.
Dernier cercle d'importance, les incidences extérieures. Il y a à boire et à manger : un couple rival aussi charismatique qu'une palourde (la comparaison est drôle si on a vu la série), un proviseur pathétique vivant chez sa grand-mère, une vieille dame excitée (saison 3), et des éléments intéressants, comme par exemple un ami de Joël rencontré à l'asile (dont on aurait pu tirer beaucoup de chose... si seulement on avait abandonné ce ton cartoonesque qui se veut "comique"), un ordre ancien de chevaliers sacrés, voire même
une tête vivante qui nous donnera des airs de Famille Adams (alléluia).
Mais alors que reste-t'il ? Deux choses qui m'ont poussées à me terminer cette série (à l'heure actuelle). Tout d'abord, les explications. Comment Sheila est devenue une Zombie, quels sont les antagonistes mystérieux dans la saison 2 (personnages ruinés dans la saison 3....), comment la guérir, à quoi sert l'araignée (explication très certainement dans la saison 4) etc. C'est vraiment ce qui nous tient devant l'écran, mais les personnages sont tellement bêtes et lents quand il s'agit de comprendre ce qui leur arrive (Sheila dit même s'en foutre à un moment donné. Excusez moi, quoi de la fuck ?). Et les petits enjeux moraux bidons ralentissent également l'action : quand ce n'est pas pour développer les preuves d'amour débiles entre Joel et Sheila, c'est Sheila qui s'insurge sur le statut des Zombies : il ne faut pas les appeler Zombies, ils peuvent être gentils, on peut les laisser se propager ça n'est pas grave, viens là que je te morde chéri ou alors c'est que tu ne m'aimes pas... Sheila est insupportable.
Qu'est-ce qui sauve tout ce bazar ? Le deuxième cercle d'importance : les gosses. En l’occurrence Abby, fille de Sheila et Joel, et Eric, fils de la voisine nympho. Eric est un geek, Abby une aventurière qui veut aider ses parents. Et aussi incroyable que ça puisse paraître, Abby est le seul personnage présentant une évolution et réagissant de façon normale aux événements extraordinaires qui frappent sa famille (même si je soupçonne les scénaristes de faire passer ça sur une crise d'ado... si c'est le cas, sans commentaire). Elle se pose des questions existentielles pertinentes, est consciente du côté énormément bancal de leur situation et essaie de marquer tant qu'elle le peut son existence. Sans compter les nombreuses fois où elle sauve les miches de ses parents. Sa relation avec Eric est également très nuancée, dans la retenue, la progressivité. Alors oui, ça fait fleur bleue ; mais bon, pour une fois qu'un aspect scénaristique est bien traité, on ne boude pas son plaisir. Et au final on se met à souhaiter plus d'Abby/Eric et moins de Joël/Sheila. Un comble, pour des personnages principaux.