Alors j’ai pas trop l’habitude de regarder des animés et, dans les premiers temps qui pâturent sur les a priori, j’étais pas forcément plus emballé que ça par cette série. Mais très rapidement, j’ai été cueilli par ce qui va se révéler être l’intérêt principal de la série : son univers, du moins durant l’essentiel de son récit. Un vaisseau spatial, gigantesque cargo faisant la liaison entre des colonies mystérieuses a un problème catastrophique, une partie de l’équipage parvient à s’échapper grâce à quelques capsules de sauvetage. Ils se retrouvent, chacun de leur côté, échoués sur une planète exotique et luxuriante. Ces Robinson de l’espace vont donc apprendre a vivre avec la faune, la flore et... la flone ? Bref, tous les trucs bizarres qui grouillent tout autour d’eux. Un jour, l’un des survivants parvient à envoyer un signal au vaisseau, qui se pose lourdement sur la planète. Commence alors, pour cette poignée de personnages un long périple, et une grande aventure à travers une nature toujours plus étrange pour rejoindre l’épave.
A la vision de cette série qui mise à fond sur le merveilleux, on pense à plein de trucs, des machins que j’ai pas vu depuis des années et qu’il faudrait que je revois, comme Nausicaa, ou des choses qui viennent de mon enfance comme les Maitres du Temps et Moebius, ou aussi à Akira, beaucoup. Mais ces influences, graphiques, ou cinétiques, qui nourrissent ici et là un monde totalement inédit, savent laisser au manettes la plus belle des imaginations. A l’opposé de la direction artistique voulue par James Cameron pour Avatar, où tout est fait pour que l’exotisme de l’exoplanète soit le plus familier possible - on prend des Maori et on les colorie en bleu, on prend un loup on lui rajoute 2 pattes, on prend une baleine et on lui rajoute 2 nageoires - afin de que le public ne se sente pas dépaysé et comprenne les analogies du récit, pourtant évidentes. Ainsi, en prenant le contrepied de la démarche de Cameron, les auteurs de Scavengers Reign ont créé un monde enthousiasmant, ludique et mystérieux. Certaines choses sont bien sûr discutables, et on pourra se dire que parfois, les personnages ne semblent pas vraiment prendre toutes les précautions qu’un tel environnement devrait pourtant mobiliser, mais les quelques bémols restent discrets dans cette symphonie de chouettes idées. Et puis, une fois qu’on dépasse un peu l’univers, et qu’on commence à voir la mécanique à l’œuvre, s’affirment les enjeux du récit. Les bagarres et les espoirs, la culpabilité ou la colère, l’amour, le regret et surtout l’espoir, la culture et l’intelligence, la prédation ou la coopération, tout ça s’articule de plantes cheulous en plantes cheulous, de bestioles délirantes en bestioles délirantes et d’humains en humains... Et au milieu, un robot qui se découvre une conscience. Au final, tous des poussières à l’échelle de la planète. Et la série se tourne alors vers une autre référence, écrasante, mais délicatement appuyée par un clin d’oeil sympathique. Si l’amorce de la dernière partie de cette série souffrait d’une petite baisse de régime, j’ai trouvé le dernier épisode jouissif et absolument délicieux. Pour moi, c’est une réussite totale. Formellement magnifique, soutenu par un score superbe, que j’aimerais beaucoup écouter à part, et bordel, quelle histoire, et surtout, quelle méchante bestiole !