Cette année n'est pas finie mais j'aurai déjà eu deux grands chocs absolus, du genre de ceux qu'un vieux briscard de spectateur comme moi espère secrètement trouver mais qui sont (très) rares.
En début d'année, Samuel d'Emilie Tronche, et aujourd'hui, Scavengers Reign de Joseph Bennett et Charles Huettner.
Deux oeuvres que tout sépare à priori, qui ont toutefois un point commun : elles sont à contre courant. L'air du temps, c'est la redite, l'humour bas du front, l'imaginaire en berne que produit jusqu'à la nausée Hollywood d'abord, mais aussi tous ceux qui leurs emboîtent le pas. L'air du temps c'est aussi la parodie, à toute vitesse, dans un geste dénué de sens qui vomit un cynisme mal digéré : à quoi bon raconter des histoires ? Mettre en scène des personnages ? Puisque bientôt on va swiper l'infinite scroll de contenus générés par IA ?
L'air du temps c'est aussi pour nous autres spectateurs, l'enthousiasme qui surgit, à la faveur d'un premier épisode réjouissant, ou d'un début de film réussi, et puis... plouf, ça retombe aussi vite que c'est monté, tout s'écroule, car les auteurs n'ont rien à dire, ou plutôt : ne savent pas quoi raconter, n'ont aucun univers à développer, par manque cruel de personnalité. Durant les deux premières minutes de Samuel, ou les cinq premières minutes de Scavengers Reign, quelque chose d'invraisemblable se produit : on sent dans les tripes qu'on est dans quelque chose d'autre, une proposition qui tire sa force de la foi absolue qu'ont leurs créateurs dans leurs personnages et l'univers qu'il sont en train de dépeindre.
Merci Emilie Tronche, merci Bennett et Huettner. Vous êtes vent debout à remonter le courant, croyez bien qu'il y en a beaucoup pour vous suivre.