Scream, la série… Allez, c’est la mode de tout balancer sur petit écran et surtout des adaptations de films qui ont plutôt bien marchés… Il en résulte quelques trucs sympa (comme Sleepy Hollow) et… Et bah le reste… L’idée de mettre un slasher en petit écran peut faire peur, d’autant un aussi particuliers que Scream qui est avant tout une comédie de slashers et qui détruisait intelligemment tous les codes du film d’horreur par des mises en abime intelligentes (pour plus de détails, allez voir ma critique sur la saga Scream) !
Et bien soyez rassurés, vos craintes été fondées ! Et c’est même pire que ça…
Déjà, ce qui est marrant, c’est que lors d’un cours de littérature sur le ciném… Oui oui… Les cours de cinéma étant des options et vu qu’il fallait tous les protagonistes pour cette scène, les scénaristes se sont dit qu’ils n’avaient qu’à parler de cinéma pendant un cours de littérature moyennant une transition un peu pourrie sur l’origine du terme « gothique » qui a dévié… Bref, lors de ce cours, un des élèves (le fan de cinéma et plus particulièrement d’horreur) dit qu’une série sur un slasher ne pouvait pas fonctionner pour tout un tas de raisons valables. Alors certes, les scénaristes ont cru drôle de faire cette mise en abime mais c’est bien la seule chose de censée et de commun qu’il peut y avoir entre les films et la série.
Outre ça, les scénaristes n’ont visiblement rien compris à la saga Scream. Le plus gros reproche que je pourrais faire à cette série, c’est qu’elle se prend au sérieux. Ils n’ont pas cherché à la rendre fun, elle est filmée au premier degré et en devient ridicule là où les films étaient du second degré et tournaient justement ce genre en ridicule. La série est donc à l’exact opposé de ce qu’étaient les films…
Il en résulte un tueur qui n’est plus du tout maladroit comme pouvait l’être Ghostface, des ados qui ne jouent pas les p’tits cons d’américains et les bombasses de service mais qui SONT les p’tits cons d’américains et les bombasses de service, des adultes qui essaient de donner un semblant de crédibilité à tout ça et qui visiblement pataugent dans la semoule…
Comme si ça ne suffisait pas, ils ont ensuite fait l’erreur de coller aux personnages les mêmes rôles que dans la saga ! On retrouve donc sans surprise
- l’héroïne principale qui ne sait rien du passé « oh combien mystérieux » de sa mère (Sydney Prescott qui devient Emna Duval),
- la journaliste casse-couille (Gale Weathers qui devient Piper Shay),
- le flic un peu gauche (Dwight "Dewey" Riley qui devient Kieran Wilcox) et on le fait beau-gosse mystérieux tant qu’à faire vu que de toute façon ça n’est pas un flic mais le fils du flic,
- le petit copain de l’héroïne qui a l’air d’avoir toujours les boules (Billy Loomis qui devient Will Belmont),
- l’intello qui connaît trop bien les films d’horreur et collectionne les biographies de tueurs en série (Stuart "Stu" Macher qui devient Noah Foster),
- la copine trop bonne mais trop conne (Tatum Riley qui devient Brooke Maddox) et TADAAAA !! On a une super copie de l’équipe du premier film !
Ah mais le film date de 1996 et on est en 2015 !! Il manque donc quelque chose : et hop, on te remplace le black de service qui ne fait plus trop tendance par l’homosexuel de service (une lesbienne pour être plus précis, vu que ça cible un public masculin, voir 2 nanas qui s’emballent, c’est toujours ça de gagné…). Franchement, rien que l’idée contenue dans ce paragraphe, ça ne sonnait pas comme une idée de merde dès le départ ??!
Et on continue dans la débâcle, on change de ville : Woodsboro c’était bien mais on peut trouver beaucoup moins fin que ça… Allez, Lakewood, parce qu’il y a un lac et des bois ! Quoi de plus flippant !
On change le masque de Ghostface : alors là, je n’ai pas trouvé d’explication cohérente ! L’idée était peut-être de « rajeunir » le masque (parce que c’est vrai qu’un masque tiré du chef d’œuvre « le cri » de Munch, ça n’est pas assez intemporel…). Peut-être que les scénaristes ou les producteurs étaient bourrés…
Voilà, on tient presque de quoi faire une bonne série de merde qui pourra surfer sur un titre connu et amplement suffisant pour faire son succès. Il nous manque quoi ? Bah des mauvais acteurs… Alors c’est sur que n’est pas Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, Skeet Ulrich ou même Rose McGowan, Matthew Lillard et Jamie Kennedy qui veut… Ok, aucun n’a brillé par une carrière hallucinante mais leur jeu d’acteur dans la saga Scream est plus que correct !! Mais de là à aller chercher des acteurs qui surjouent sans cesse, qui ont le charisme d’une huitre ou un regard bovin telle une vache à l’abattoir (Ok, c’est facile et ça colle bien à certains rôles…)… La seule qui tire son épine du jeu est Bex Taylor-Klaus qui joue la jeune lesbienne Audrey Jensen (enfin, bisexuelle, c’est important) : autrement dit, c’est la seule dont le personnage ne figure pas dans la saga d’origine. Alors certes, l’actrice est peut-être plus douée mais elle a aussi pour elle de ne pas chercher à singer un ersatz de personnage déjà existant…
En conclusion, je pense que Wes Craven se retournerait dans sa tombe s’il avait vu ce qu’on a fait de sa saga… il est d’ailleurs cité comme producteur mais bon, c’est un peu facile maintenant… Si vous avez apprécié la saga pour ce qu’elle est, un croche-pied à tout ce que représentaient les codes de l’horreur de l’époque et un genre nouveau, passez votre chemin sur cette série… Si vous voulez quand même vous y risquez, partez en tête que ça n’a rien de Scream tel qu’on le connaît et que ça peut-être un bon petit divertissement en fond sonore pendant que vous jouerez avec votre téléphone ou votre tablette… Vous redresserez la tête de temps à autre pour voir le futur cadavre courir et pourrez aussitôt replonger dans votre jeu.