Après un premier revival avec Scream 4 en 2011, la franchise poursuit sa quête d’un nouveau souffle via le format télévisuel. En 2015 et 2016, MTV diffuse donc une nouvelle itération en deux saisons. Loin d’être convaincante, cette proposition aura le mérite de s’éloigner de la trajectoire scénaristique des films tout en reprenant intelligemment certains codes de la franchise.
Suite à une longue période de gestation, Ghostface est de retour pour une troisième saison mais en investissant un nouveau terrain de jeu. Le changement d’environnement est appréciable. Jusqu’alors habitué à arpenter les rues de quartiers résidentiels aisés, notre tueur choisit de se mêler à une population plus populaire. Une délocalisation intéressante qui peut être perçue comme une volonté d’étoffer la mythologie de cette saga.
Comme lors des précédents opus, nous suivons les déboires de jeunes pourchassés par le célèbre tueur. On retrouve certains mécanismes devenus classiques tels que la recherche de l’identité du tueur impliquant des suspicions au sein du groupe ou la résurgence du passif de certains protagonistes.
L’aspect méta est toujours présente. Les échanges sont ponctués de références aux œuvres d’antan. De même, lorsque les protagonistes analysent leur situation, celle-ci est constamment mise en parallèle à des schémas propres au genre horrifique.
De primes abords, la réappropriation des codes est donc respectée. Malheureusement, cette capacité n’est viable qu’en théorie car la mise en pratique est désastreuse.
L’aspect méta de l’œuvre est à géométrie variable. Elle occulte totalement les événements précédemment narrés dans les films Scream. De ce fait, l’inclusion de Ghostface sans l’aura qu'a ce masque perd de sa valeur. Les deux premières saisons pouvaient se permettre un tel processus car le design du masque était revisité. Il est difficilement concevable de procéder de la même façon ici alors qu’on en retrouve sa forme originelle.
Outre cette incohérence, l’un des plus gros freins à l’intrigue réside dans l’incapacité des auteurs à nous intéresser aux déboires vécus par le groupe. Comme indiqué par l’un des protagonistes, la constitution de cette équipe ressemble à celle de Breakfast Club en version 2.0. La différence entre les deux œuvres réside dans la mise à profit des stéréotypes initiaux au sein du récit. Dans le film de 1985, les clichés étaient dépassés pour mieux capter la personnalité de chacun. Dans cette série, le rôle attribué à chacun n’évolue pas. Les révélations sur le passif de certains élèves peinent à changer ce constat. On se retrouve donc à observer d’un œil distrait les tribulations de ces adolescents pour le moins insupportables.
Le naufrage est tel qu'on navigue entre mépris pour la fiasco qui se joue sous nos yeux et jubilation quant l'un d'eux se fait massacrer.
Il n’y a donc pas grand-chose à sauver dans cette dernière saison. Il nous est impossible de générer de l’empathie pour ces victimes inconsistantes. L’éventail de possibilité s’offrant à ce nouvel environnement ne se résume finalement qu’à une accumulation de clichés et de parti-pris insipides.
Les aficionados pourront se réconforter en suivant la mise en chantier annoncée d’un nouvel opus sur grand écran réalisé par le duo derrière Wedding Nightmare.