Récit effarant sur le pouvoir d'embrigadement et de destruction des sectes, Seduced dissèque les méthodes effroyables du culte NXIVM pour recruter puis asservir ses membres. Considéré comme l’un des organismes les plus dangereux des ces 20 dernières années, NXIVM attire d’abord grâce à ses programmes de développement personnel, en apparence inoffensifs, en mettant en avant les bienfaits de la communauté à travers des outils de communication accrocheurs parfaitement pensés. Comme India Oxenberg, jeune fille aisée vivant à Hollywood (sa mère jouait dans Dynastie) dont le témoignage sert de fil rouge à la série, ce ne sont pas forcément des âmes torturées qui y sombrent. Ces femmes ont généralement de belles situations lorsqu’elles entrent dans le programme.
Le documentaire révèle les rouages psychologiques et financier employés par la secte pour ferrer et aliéner ses proies. Du recrutement au sacrifice ultime qui consiste à devenir volontairement l’esclave sexuel du gourou Keith Raniere (qui ne ressemble pourtant pas à grand-chose) Seduced décortique les étapes du piège qui se referme sur ses victimes. Valorisées puis frustrées de ne pas pouvoir monter en grade, elles sont prêtes à tout pour satisfaire leur hiérarchie, persuadées que c’est pour leur bien. Quitte à justifier les expériences médicales les plus révoltantes, l’incitation au viol, la pédophilie et, finalité de l’entreprise de Raniere, l’esclavagisme sexuel.
Le montage est particulièrement bien travaillé, parvenant à faire progressivement monter la tension au fur et à mesure qu’on découvre l’horreur derrière NXIVM. Les réalisateurs alternent entre les témoignages, des extraits du matériel promotionnel de la secte pour illustrer son pouvoir de séduction et des animations au crayon aussi belles que terrifiantes pour montrer le calvaire de ses pauvres filles.
On a vraiment l’impression de pénétrer l’antre du mal, un enfer dont le maitre aurait la gueule d’un geek VRP de province…