Seinfeld
7.4
Seinfeld

Série NBC (1989)

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Quand le néant devient un art de vivre et que l'absurde du quotidien fait pleurer de rire

Seinfeld, c’est un peu comme si tu ouvrais un paquet de chips, découvrant à l’intérieur un trésor caché sous une montagne de banalité. Cette série est la preuve que tu n’as pas besoin de fusillades, de poursuites en voiture ou de conspirations internationales pour captiver ton public. Non, ici, tout tourne autour du rien. Absolument rien. Et c’est ce qui rend Seinfeld aussi génial. Bienvenue dans un monde où la moindre anecdote du quotidien devient un événement digne d’être analysé, décortiqué, et amplifié pour en extraire une absurdité qui te fait éclater de rire.


Jerry Seinfeld, à la fois personnage principal et alter ego du comédien dans la vraie vie, est un stand-up comedian new-yorkais qui, dans la série, navigue entre ses spectacles et une vie sociale où chaque interaction est une occasion de remettre en question l'univers. Mais le cœur de la série, c'est cette bande d’amis dysfonctionnels qui transforment chaque micro-drame en une saga épique. L’appartement de Jerry devient un sanctuaire pour ces discussions futiles, où les sujets vont de la manière correcte de manger un Snickers à la décision de rompre avec quelqu’un parce qu’ils mangent trop bruyamment.


À commencer par George Costanza, qui est littéralement la personnification de l’échec et du désespoir. Si l’ego de Jerry flotte quelque part entre l’arrogance et l’insouciance, George, lui, est un véritable laboratoire ambulant de la névrose. C’est le genre de type capable de se perdre dans des débats existentiels sur le prix des muffins ou de quitter une relation parce qu’il ne peut pas supporter le rire de l’autre personne. Ses décisions sont toujours désastreuses, mais c’est ce qui fait son charme : George fait des montagnes avec des grains de sable, et tu es là pour observer ses catastrophes s’enchaîner comme des dominos.


Puis vient Elaine Benes, l’ex-petite amie de Jerry devenue amie proche, qui est une tempête d’énergie dans un monde de paresseux névrosés. Avec Elaine, tu ne sais jamais ce qui va te frapper : elle peut passer de l’enthousiasme à la colère en un battement de cil, surtout si son niveau de tolérance pour la bêtise humaine est dépassé (ce qui arrive souvent). Elle est à la fois irrésistible et terrifiante, capable de rejeter un homme pour des raisons aussi absurdes qu’une mauvaise coupe de cheveux, tout en remettant en question les normes sociales avec un aplomb incroyable.


Et enfin, il y a Kramer. Ah, Kramer. Ce voisin iconique, génie fou du groupe, est une comète d’absurdité dans l’appartement de Jerry. Avec ses entrées spectaculaires et ses idées farfelues (comme la fameuse idée du restaurant où tu fais ta propre pizza), Kramer n’a aucune notion de ce qu’est un comportement socialement acceptable, et c’est précisément ce qui le rend génial. Il vit dans une dimension parallèle où tout est possible, mais jamais raisonnable. Kramer pourrait trouver une nouvelle utilité pour un vieux seau et te convaincre que c’est une révolution, tout ça sans perdre son sourire déconcertant.


Ce qui distingue Seinfeld des autres sitcoms, c’est son refus total de se plier aux conventions narratives classiques. Ici, pas de grandes leçons de vie ou de résolutions morales à la fin de l’épisode. Non, dans Seinfeld, les personnages ne changent jamais vraiment, et c’est ce qui est si rafraîchissant. Ils sont égoïstes, mesquins, ridicules, et ça ne dérange personne. Ils sont figés dans leurs défauts, et c’est précisément cela qui les rend si humains et attachants.


Le génie de Seinfeld réside également dans son écriture, co-signée par Larry David, le roi du sarcasme et de l’absurde. Chaque épisode semble partir d’un point insignifiant — une file d’attente, un rendez-vous raté, une conversation dans une laverie — pour se transformer en une aventure surréaliste où l’insignifiance prend des proportions démesurées. C’est une série qui te fait réaliser que la vie elle-même est absurde, et que les petites batailles que tu mènes chaque jour (comme essayer de trouver un bon siège au cinéma) sont aussi importantes que n’importe quel drame hollywoodien… ou du moins, elles peuvent l’être quand elles sont traitées par le prisme de l’humour brillant et absurde de Seinfeld.


Visuellement, la série n’a rien de révolutionnaire, mais ce n’est pas le but. Seinfeld est centrée sur les dialogues et les situations, pas sur des décors spectaculaires ou des effets spéciaux. L’appartement de Jerry est pratiquement un personnage à part entière, avec son canapé et sa cuisine devenus les scènes de crimes verbaux où les punchlines fusent plus vite qu’un éclair.


En résumé, Seinfeld est la série qui a réinventé l’humour du quotidien en le magnifiant à travers le filtre de l’absurde. C’est une masterclass de comédie sur l’insignifiant, où chaque épisode te montre que la vie est souvent plus drôle quand elle ne fait aucun sens. Des personnages mémorables, des situations ridicules, et une écriture tranchante comme un rasoir font de cette série une légende du petit écran. C’est une série qui t’apprend à apprécier les petites absurdités de la vie… et à rire de toutes ces choses qui n’ont jamais vraiment d’importance.

CinephageAiguise
9

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Créée

le 10 oct. 2024

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