Aujourd’hui est une belle journée, il fait beau et je suis sortir prendre une longue marche dans mon quartier. J’avais peur en me levant ce matin de me sentir frustrée à l’idée de ne rien faire un 21 mars. Cette date est très importante pour moi car c’est la journée mondiale contre le racisme, le printemps et la journée internationale de la poésie. Bref, une journée qui rassemble beaucoup de parties de moi ! J’y fais toujours une action, quelque chose.


Je me suis questionnée sur ce que je pouvais faire depuis mon chez-moi, mais finalement je n’ai eu le courage de rien (dur, dur, l’activisme en confinement !). La seule chose que j’ai faite a été de rappeler aux personnes sur les réseaux sociaux qu’aujourd’hui est la journée mondiale contre le racisme… Soit : pas grand-chose.


Je me questionne sur l’utilité d’écrire une critique de film par jour, si ce n’est entretenir mon esprit, continuer à écrire et me fixer un objectif personnel. Rien de très collectif !


Toutefois, c’est en découvrant des petits bijoux du cinéma que je réalise la portée que cela peut avoir, en encourageant des personnes à visionner des œuvres politisées et intelligentes, ou émouvantes tout simplement. Pour moi, le cinéma c’est une évasion d’émotions, il permet de ressentir des milliers d’émotions à la fois, et de sortir des émotions dont on est habitué.es. Par exemple, quand je suis déprimée, je regarde des thrillers (sauf s’ils sont trash) ou des films de suspense, car les émotions que ces films me font sentir sont inhabituelles, et m’éloignent de la tristesse/dépression. En revanche, quand je vais très bien, je regarde des drames, cela m’éloigne de mon bonheur émotionnel, et surtout cela me conscientise et me politise intelligemment.


Bref, le cinéma nous fait sentir et comprendre des choses, nous ouvre vers d’autres réalités et cultures, et façonne nos esprits. Pour moi, c’est une arme de militantisme très puissante et belle à la fois…


Aujourd’hui plus que jamais, je comprends cela.


Hier, Netflix a lancé la mini-série « Self made : d'apres la vie de Madam C.J. Walker ». Honnêtement, j’avais lu un article sur cette série il y a quelques mois, quand elle avait été annoncée comme une série de traite le colorisme, mais j’avais oublié qu’elle sortait en mars. La veille du 21 !


C’est donc une agréable surprise que j’ai eue en la voyant apparaître dans mes recommandations. Je n’ai pas résisté : je l’ai commencée de suite ! Deux épisodes le 20, deux épisodes le 21, et hop, je l’affirme : cette mini-série est EX-CE-LLEN-TE ! Un vrai bijou ! Enfin une série qui met à l’honneur des femmes noires avec une réalisation clairement afroféministe et inclusive.


Comme promis, la série parle du colorisme qui divise les communautés noires, mais surtout qui renforce le racisme social et économique. Dès les premières minutes, les choses sont dites : le personnage de Addie admet que sa peau claire lui donne plus de succès. Au fil des épisodes, le colorisme prend de moins en moins de place, sans disparaître, puisque les personnages comprennent que c’est ensemble qu’il faut travailler. Tout comme Sarah réalise que c’est avec les femmes qu’elle doit œuvrer, et non les hommes, même si elle reconnait être en mouvance dans un monde d’hommes.


Je ne connais pas très bien la vie de Madam C.J. Walker, mais c’est sûr qu’après avoir savouré cette série, je vais aller lire sur elle encore et encore !


J’avoue avoir été méfiante au début du visionnage, car je suis tannée d’entendre parler des cheveux des femmes noires. Oui, l’acceptation de nos cheveux est essentielle dans nos luttes, toutefois je pense que l’afroféminisme doit évoluer. On ne peut pas parler uniquement de nos cheveux, et être représentées seulement par une partie de nos corps. Sincèrement, je suis fatiguée de tous ces débats qui s’articulent autour de nos cheveux. Nos luttes vont bien au-delà ! J’étais donc méfiante, mais finalement, s’agissant d’un pseudo-biopic, les créatrices sont parvenues à parler des cheveux et de l’importance que cela a pour la protagoniste, sans articuler l’histoire autour des concepts de soin te de beauté. Au contraire, je trouve qu’elles ont subtilement élevé les voix de nos luttes autour de l’entreprenariat de Madam C.J. Walker. Quel magnifique hommage envers les femmes noires entrepreneuses.


La contextualisation de l’époque et de ses enjeux est extrêmement bien réussie, et rien n’est laissé de côté : ni la séparation entre les personnes noires et les personnes blanches, ni les réflexions politiques autour des droits civiques, ni l’esclavagisme encore très présent, ni la sous-représentation des femmes noires dans ces mouvements. Et même, la série va plus loin en insérant un couple de deux femmes noires et en portant cette réalité jusqu’au bout.


J’aime Octavia Spencer, mais je ne suis pas une grande fan. J’ai vu beaucoup de ses films, et ai toujours trouvé dommage qu’elle n’ait pas de rôle plus important. Certes, elle a eu des grand rôles, mais le seul film où elle tient un rôle principal est un film où elle joue une femme psychopathe et tueuse. S’agissant d’une des rares actrices noires régulièrement représentée dans le cinéma hollywoodien, c’est assez désolant. Dorénavant, je peux le dire : enfin un rôle qui lui va ! Et j’imagine que jouer Madam C.J. Walker a représenté quelque chose pour elle.


Le rythme de la série est bon, et respecte bien cette frontière entre le biopic et la fiction, sans mettre la romance au cœur du scénario (merci !), la musique est parfaite, et les costumes vraiment très beaux : les robes et chapeaux à la fin de film sont juste magnifiques !


Je ne vais pas m’étendre dans le souci de ne pas spoiler, toutefois que vous dire de plus, si ce n’est : visionnez cette série ! Quelle que soit votre positionnement face à l’afroféminisme, cela fait du bien à tout le monde de voir une représentation positive et élevant des femmes noires. Et… ne traînez pas, car il s’agit d’une série limitée (pourquoi ?).


Bon visionnage !

SoyAne
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Créée

le 21 mars 2020

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SoyAne

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