Selfie, c’est un peu comme si quelqu’un avait eu l’idée lumineuse de prendre un sujet brûlant, l’addiction aux réseaux sociaux, et de le mixer avec une version moderne de My Fair Lady. Le résultat ? Une comédie romantique qui se perd dans ses filtres Instagram et qui, au lieu de t’offrir des éclats de rire ou une réflexion sur notre monde connecté, te laisse un goût de like sans engagement.
L’histoire suit Eliza Dooley (interprétée par Karen Gillan), une influenceuse complètement obsédée par son image en ligne, qui réalise un jour que, malgré ses milliers d’abonnés, elle n’a pas de véritables amis. Une sorte de crise existentielle en mode selfie. Pour se "désintoxiquer" des réseaux sociaux et devenir quelqu’un de plus authentique, elle demande l’aide de Henry Higgs (joué par John Cho), un consultant en image sobre, sérieux, et anti-réseaux sociaux (aka, l'anti-héros d'Internet). En gros, il va la transformer d’une "influenceuse narcissique" en "vraie personne". Enfin, c’est l’idée de départ.
Le problème ? Selfie essaie de critiquer la superficialité des réseaux sociaux… en étant elle-même un peu trop superficielle. L’humour tourne souvent autour des clichés sur les réseaux sociaux, des blagues faciles sur les hashtags et les "followers", sans jamais vraiment creuser plus loin. On rit une fois ou deux des excentricités d’Eliza, mais rapidement, ça devient répétitif. Elle est obsédée par les selfies, Henry est un monsieur sérieux… et l’intrigue repose sur cette dynamique un peu trop simpliste.
Eliza Dooley est censée être une héroïne attachante, mais elle finit souvent par être irritante. Karen Gillan fait de son mieux pour injecter du charme dans ce personnage, mais même son charisme n’arrive pas à sauver Eliza de ses propres stéréotypes. Elle est présentée comme une femme à la fois naïve et égocentrique, mais la série échoue à la rendre réellement touchante. À force de jouer sur le décalage entre son monde virtuel et le monde réel, Selfie la transforme en une caricature un peu creuse.
De l’autre côté, John Cho incarne un Henry beaucoup trop rigide et coincé pour vraiment provoquer de la sympathie. Sa mission de "réhabilitation" d'Eliza pourrait être le cœur de l'humour et de la romance, mais son personnage est tellement figé dans ses principes qu’on a du mal à croire à leur alchimie. Oui, ils sont censés être des opposés qui s’attirent, mais leur dynamique manque de la magie et du punch qui auraient pu faire fonctionner ce duo improbable.
La série essaie de surfer sur la vague des comédies romantiques, avec ses moments "cutesy" et ses petits instants de développement personnel, mais l’ensemble sonne souvent faux. Il y a des tentatives pour offrir une critique sur la société connectée, sur le vide émotionnel qu’elle peut générer, mais cela reste très en surface, comme un post Instagram joliment retouché mais sans profondeur. Les gags sur les selfies et les stories deviennent vite datés, et la série ne parvient pas à proposer une vraie réflexion sur la vie numérique d’Eliza.
Visuellement, Selfie reste colorée, joyeuse, presque criarde parfois, à l’image de son héroïne. Les décors sont modernes, flashy, mais manquent d’originalité. Ce n’est pas une série qui va révolutionner le genre visuellement, et les scènes tournent souvent autour des bureaux ou de l’appartement d’Eliza, sans grande mise en scène.
Là où Selfie aurait pu briller, c’est en se concentrant davantage sur la relation entre Eliza et Henry, en prenant le temps de réellement construire leur connexion et leur développement personnel. Mais malheureusement, la série reste trop collée à son concept de départ et n’évolue jamais vraiment. L’humour facile sur les réseaux sociaux finit par s’essouffler, et même les tentatives d’émotions plus profondes tombent à plat.
En résumé, Selfie avait un concept de départ intéressant, surtout pour son époque, mais elle se perd dans des clichés et une exécution trop simpliste. Ce qui aurait pu être une critique acide et drôle de notre obsession pour les réseaux sociaux devient une comédie romantique qui manque de mordant et d’authenticité. Comme un selfie raté avec un mauvais filtre, la série te donne envie de la balayer d’un swipe et de passer à autre chose.