Télépathes au beurre

Au début, je comprenais pas grand chose. Il y avait du bollywood, du kung-fu, un psychothriller, un film de gangster, une telenovela qui se moquait des films de gangsters, une comédie africaine, des destins croisés à la Inarittu mais pas une série. En tout cas pas une série indivisible mais plutôt un ensemble mal-fagoté d'hommages à la DVDthèque de la famille Wachowski. Mais bien vite, on se prend au jeu. les personnages se dessinent des personnalités plus ou moins vite, les histoires s'intègrent lentement et de manière organique et surtout c'est beau.

Surtout les acteurs. Le casting des huit glandus télépathes est un ensemble de canons stéréotypés toujours flanqués d'un side-kick encore plus canon, assemblés dans un seul but : vendre la propagande pansexuelle et féministe de la fratrie australienne post-gender. Et ça marche à fond. Car Sense8 c'est avant tout une série de couples. Une série avec des couples géniaux ou avec des amours impossibles, prémices de futurs couples géniaux.

Le seul défaut flagrant est que les Wachowski avaient une occasion en or pour faire une grande série polyglotte mais tous ces imbéciles se parlent invariablement anglais même entre compatriotes germaniques ou coréens. On pourra souligner également le côté too much, la sur-utilisation de la violence (Sun ou le gentil Capheus tuent sans problème une quarantaine de personnes sans exprimer le moindre regret) mais c'est filmer de manière tellement cool et badass qu'on n'y pense pas dans l'instant.

Cette critique part un peu dans tous les sens mais c'est un subtil hommage à l'intrigue principale partagée entre la machination internationale et la mystique des années 80. Alors que finalement ce qu'on aime bien dans Sense8 c'est voir les acteurs se toucher la nouille avec une joie indicible comme si c'était la première fois que ça leur arrivait. Jamais aucun média n'avait reproduit tel plaisir de découvrir ses pouvoirs à l'écran depuis le premier Spiderman.

Leur meilleur projet depuis... ben depuis toujours en fait. Et en cela, il faut peut-être remercier Straczynski (je ne le réécrirai pas) d'avoir su utiliser les prouesses visuelles du binôme au service de personnages attachants et d'une mythologie relativement compréhensible (les méchants sont à revoir mais c'est le mal de la décennie).

C'est drôle, c'est beau, c'est frais, c'est romantique, c'est violent, c'est terriblement cheesy tout en restant attachant. Une série estivale comme il faut.