Globalement très bonne !

Bilan de Sherlock après 4 saisons :

On se dit parfois : "ha mais, oui, j'ai vu cette l'intégralité de cette série aussi !!" même si au fond, l'intégralité de Sherlock s'avale assez vite. Avec 4 saisons et trois épisodes par saisons, on en arrive à seulement 13 épisodes (il y a eu un téléfilm spécial au milieu...) et même si la durée est doublée, c'est au final l'équivalent d'une saison complète d'une série américaine "classique."

Ici on a le temps de voir les personnages évoluer (Martin et Cumberbach prennent 6 ans dans la foulée) et au fond, la série est une lettre d'amour aux histoires de Sherlock Holmes : Mark Gatiss et Steven Moffat ont repris les personnages, les intrigues, la mythologie, les histoires et l'ont placés dans un immense mixeur et tirent des éléments de temps à autre. Si certaines aventures de Sherlock Holmes font l'objet de la trame de certains épisodes (Le Chien des Baskervilles , Le Dernier Problème, etc...) la série s'amuse surtout à les replacer en tant que péripétie à l'intérieur de certains épisodes ou à en faire des clins d'oeils.

Bon, je ne vous ferait pas l'affront de vous parler du contexte (on replace la série dans un cadre contemporain où personne ne sait qui est Sherlock Holmes) ni des particularités de la série dont tout le monde nous à parlé : Sherlock est un personnage peu sociable et engoncé dans son monde, la série joue avec le spectateur en rajoutant une "bromance" entre Sherlock et Watson, Moriarty est devenu un entrepreneur du crime, et la série ne cesse JAMAIS de NOUS TROLLER. Par exemple, la sur-utilisation du "Bait and Switch" : 9 fois sur 10 lorsqu'un personnage parle à un autre et que l'identité d'un interlocuteur nous est inconnu, la série nous laisse assez d'indice pour nous faire croire qu'il s'agit de X, alors qu'il s'agit de Y.

C'est UNE vision de Sherlock Holmes, tout comme celle du dessin animé avec des chiens, en était une autre qui n'échappe pas aux tics d'écritures de ses auteurs : Mark Gatiss et Steven Moffat ont tout les deux ce côté "fan compulsif" qui ne peuvent s'empêcher de faire des clins d'oeil, des références, des doubles sens dans les séries qu'ils adaptent, et cultivent en commun le sens du troll (surtout Moffat) et du "ce que vous pensiez voir, n'est pas ce qui est arrivé."

Mais parfois c'est trop, et surtout, il y a ce côté, "build up" qu'ils adorent mettre en place dans leurs scénarios et qui parfois s'avèrent être un artifice afin de capter l'attention du spectateur, même si la révélation finale part souvent complètement en vrille parce que soit "trop tiré par les cheveux" ou partant sur une voix de traverse tellement inattendue que notre suspension d'incrédulité se casse la gueule. (Ce dont se plaigne 90% des "fans" de Doctor Who quand ils parlent de Steven Moffat, mais dont ils oublient que c'était aussi la marque de fabrique de Russel T. Davies, le showrunner précédant.)

Pour le coup, difficile de faire l'impasse sur le dernier épisode de la série, dont des éléments étaient teasés depuis longtemps, mais qui devient complètement tiré par les cheveux à force de vouloir en faire "trop". C'est rigolo, parce que "12 épisodes de bonne qualité pour un final décevant" c'est aussi ce qui arrive avec la série Doctor Who et suffit à dire à plein de gens que c'était nul et gnagnagni et gnagnagna. Et même ailleurs que dans cet épisode, la série se veut parfois être plus maline que nous et nous impressionner et fini parfois par détruire notre suspension d'incrédulité : "c'est quand même un peu gros là."

Mais à part cette faute de goût finale : la série reste quand même bien écrite, avec de bons dialogues, une distribution impeccable, une réalisation inventive (ok il y a des moments où les effets spéciaux sont ratés... mais dans l'ensemble il y a quand même pas mal de bonnes trouvailles) et on garde le souvenir d'une vraiment bonne série !