Alors en début de carrière, Hayao Miyazaki se voit confier en 1981 le projet Sherlock Holmes en collaboration avec la célèbre chaîne italienne RAI, lui permettant de proposer une nouvelle vision des personnages imaginés par Sir Arthur Conan Doyle
Commencée en 1981, la série connaîtra un temps d'arrêt pour des problèmes de droits, avant d'être reprise trois années plus tard sous la direction de Kyōsuke Mikuriya. Basé sur l'anthropomorphisme, Sherlock Holmes met en scène les célèbres personnages sous forme de canidés, et principalement des chiens (à l'exception de Holmes le renard et professeur Moriarty le loup). Comportant 26 épisodes, seuls 6 bénéficient vraiment du travail de Miyazaki, mais malgré ça, la série demeure linéaire et cohérente.
La première qualité de la série se trouve dans les personnages, avec un trio de protagonistes attachants et des antagonistes que l'on va aimer suivre. Si Sherlock Holmes et son fidèle acolyte ne surprennent pas, bien qu'ils soient particulièrement intéressants, c'est le contraire pour Mme Hudson, assez approfondie, très attachante et pour laquelle on a une tendresse toute particulière. Certains épisodes permettent d'en apprendre plus sur son passé, rendant ce personnage encore plus riche et surtout avec une teinte mélancolique qui n'est pas sans émotion.
Non sans défaut, à commencer par certaines résolutions d'intrigue trop rapides ou un ton un peu trop enfantin à certains moments, ceux-ci sont minimes en comparaison de ses nombreuses qualités. Ce qui marque assez vite, et qui sera constant tout le long de la série, c'est son contexte sublimé, celui d'une Angleterre victorienne, avec ses ruelles brumeuses, ses bâtisses et villes typées XIXème siècle, offrant ainsi une atmosphère pleine de charme, parfois nocturne et marquée par l'essor industriel de cette époque, notamment aérien.
Les bonnes idées ne manquent pas, à commencer par la foule d'objets inventifs qui apparaissent dans la série, à l'image de ceux utilisés par le professeur Moriarty. On trouve un peu de poésie dans les enquêtes mises en scène, ainsi que de la légèreté, un soupçon de mélancolie et un vrai charme, avec de nombreuses séquences mémorables, comme les courses-poursuites entre Holmes et Moriarty. Il y a une alchimie entre tous les éléments ainsi que les personnages, sublimée par une superbe animation, une bande-originale inoubliable (ainsi que le générique) et de magnifiques dessins, retranscrivant à merveille l'atmosphère et le contexte victorien.
Hayao Miyazaki se voit confier le projet Sherlock Holmes et propose avec Kyōsuke Mikuriya une série passionnante, entraînante, légère ou encore mélancolique, avec de nombreuses idées et un charme défiant le temps, grâce à une atmosphère brumeuse et tirée de l'Angleterre victorienne.