Shigurui : Furie Meurtrière, c’est un anime qui te plonge dans un Japon féodal où les samouraïs sont aussi tranchants que leurs katana, et où chaque duel pourrait être une œuvre d’art... si ce n’était pas aussi sanglant et dérangeant. Ici, pas de héros flamboyants qui sauvent des princesses, ni de combats chorégraphiés façon Dragon Ball Z. Non, Shigurui préfère te montrer les choses telles qu’elles sont : crues, brutales et souvent dérangeantes. C’est comme si Tarantino et Kurosawa avaient décidé de faire un anime ensemble, avec pour seul mot d’ordre : "Plus de sang, encore plus de souffrance."
L’histoire démarre avec un tournoi de sabre qui ne fait pas dans la dentelle. Les règles sont simples : tu te bats avec de vraies lames, et si tu veux gagner, tu dois littéralement trancher ton adversaire en deux. Oui, c’est aussi violent que ça en a l’air. Le premier épisode te met directement dans l’ambiance avec des combats à la limite du supportable, où chaque coup porté te fait ressentir physiquement la douleur des personnages. On suit Gennosuke Fujiki, un samouraï manchot, et Seigen Irako, un rival aveugle, tous deux élèves d’un maître aussi cruel qu’implacable, Kogan Iwamoto. Et disons-le tout de suite : ce ne sont pas les petits bonshommes souriants que tu trouves dans les shônen classiques.
Le grand point fort de Shigurui, c’est son réalisme impitoyable. Les combats sont lents, méthodiques, et chaque mouvement compte. Pas de super-pouvoirs ni de sauts acrobatiques improbables. Juste des samouraïs qui se battent pour leur honneur, leur survie, et parfois juste parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Le tout est accompagné d’un réalisme chirurgical où chaque coup d’épée, chaque goutte de sang, est filmé avec une précision presque malsaine. Si tu t’attendais à une vision romantique des samouraïs, tu vas être sacrément déçu (ou agréablement surpris, selon tes goûts).
L’atmosphère est oppressante à souhait. Les décors sont d’une sobriété qui renforce l’angoisse ambiante, et la bande-son minimaliste, avec ses percussions étouffées, te fait sentir comme si tu assistais à chaque combat dans une salle où l’air est irrespirable. Les couleurs sont ternes, le ciel est toujours gris, et tout semble baigner dans une sorte de malaise permanent. On pourrait presque dire que Shigurui est un poème sur la souffrance physique et mentale, mais un poème qui préfère utiliser des lames plutôt que des vers.
Les personnages de Shigurui ne sont pas là pour être aimés. Ils sont brutaux, implacables, et chacun porte son propre fardeau de douleurs et de trahisons. Gennosuke, avec son air constamment torturé, est un personnage qui semble avoir abandonné toute émotion pour se concentrer uniquement sur la survie. De l’autre côté, Seigen, son rival, a peut-être perdu la vue, mais certainement pas son désir de vengeance. Leur rivalité, alimentée par un maître qui les pousse à se détruire, est à la fois fascinante et dérangeante. On n’est pas ici dans une histoire de rédemption ou de quête d’un idéal supérieur. Non, ces mecs se détestent, et ils sont prêts à tout pour s’entretuer, le tout dans un silence pesant.
Et puis il y a Kogan Iwamoto, le maître d’école le plus flippant de l’histoire des maîtres d’école. Un vieux fou qui passe son temps à baver et à dormir, mais qui, une fois réveillé, se transforme en monstre sadique. Ce type est une légende du sabre, mais il est aussi complètement dérangé, et il n’hésite pas à briser ses propres élèves pour les "endurcir". La relation entre Kogan et ses disciples est aussi malsaine qu’intrigante, et tu te demandes jusqu’où il va les pousser avant que l’un d’eux ne craque pour de bon.
Visuellement, Shigurui est un spectacle à part entière. Les animations sont lentes, presque contemplatives, ce qui renforce l’intensité de chaque mouvement. Chaque duel est filmé comme un rituel, où la mort semble aussi inévitable que belle. Mais attention, ce n’est pas une beauté à la Mononoke ou Ghibli. Non, ici, la beauté est dans la douleur, dans la souffrance, et dans l'horreur de voir des corps mutilés dans un décor presque trop calme. Les scènes de violence sont aussi graphiques que réalistes, et le niveau de détail dans les blessures te fait parfois te demander si tu n’as pas accidentellement mis un documentaire sur la chirurgie au lieu d’un anime de samouraïs.
Mais voilà, Shigurui n’est pas pour tout le monde. Sa lenteur, ses scènes de violence extrême, et son ambiance pesante peuvent en rebuter certains. Si tu espérais un anime plein d’action rapide et de héros charismatiques, tu risques d’être déçu. Shigurui, c’est du drame à l’état brut, une exploration du côté le plus sombre de l’âme humaine, avec des personnages qui ne cherchent pas à être aimés mais à survivre dans un monde où la vie ne vaut pas plus qu’un coup d’épée bien placé.
En résumé, Shigurui : Furie Meurtrière est une plongée brutale et sanglante dans le monde des samouraïs, où la beauté des combats réside autant dans leur violence que dans leur lenteur calculée. C’est un anime qui te laisse avec un mélange d’admiration et de malaise, et qui te rappelle que, parfois, la vraie bataille est celle que l’on mène contre soi-même. Alors, si tu es prêt à troquer les super-pouvoirs contre des duels à la vie à la mort, et les héros souriants contre des âmes torturées, prends ton katana et plonge dans cet enfer aussi fascinant que terrifiant.