It's a lonely fight
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Depuis The Wire, on sait que David Simon a réécrit les codes de la série et a placé la barre très haut en termes de narration, de mise en scène, de travail sur les personnages et soin apporté à la description du contexte. Avec Treme il poursuit son analyse de la corruption profonde qui ronge la société américaine en mettant à jour la mécanique par laquelle les pauvres sont relégués, les politiques tirent leur épingle du jeu et la société entière se délite.
Avec Show me a Hero David Simon plonge un cran plus profond encore dans la noirceur intrinsèque de l'Amérique et de ses idéaux corrompus et il le fait avec d'autant plus d'acuité qu'il s'agit là non plus d'une fiction ancrée dans la réalité sociale, mais bien une reconstitution historique patiente et méticuleuse du parcours du plus jeune maire des États-Unis et il la réussit avec une maitrise parfaite de son sujet.
En plongeant au cœur du conseil municipal de Yonkers, ce sont les contradictions intrinsèques de la démocratie occidentale que Simon met à jour. Il répond à la question essentielle de savoir si la politique corrompt tout corps plongé dedans ou si elle attire les natures hautement corruptibles. Comme il nous y a habitués, Simon suit patiemment l'évolution de ses personnages et nous donne à voir tout ce qui est nécessaire pour comprendre leurs évolutions, leur profonde humanité. Parce qu'il nous éclaire toujours sur ce qui les motive, il ne se positionne jamais comme juge, il s'écarte résolument du manichéisme inhérent à la mécanique commerciale de l'industrie du divertissement.
Nous sommes sans cesse happés par la mécanique même des évènements tout en restant profondément investis dans les hésitations, les doutes et les errements des différents personnages qui sont inéluctablement entrainés vers leur destin comme la structure même du récit nous le fait lentement mais surement comprendre. Ce qui en fait toute la dimension tragique.
De cette précision d'entomologiste naissent des moments d'une vérité poignante.
Comme la scène où Wasicsko retrouve sa vieille copine Vinni (remarquablement incarnée) dans leur bar favori un an après qu'elle se soit faite éjectée du conseil municipal et où elle avoue l'immensité du vide qui s'est fait autour d'elle dès qu'elle a cesser d'exister sur le plan politique. Cette addiction à l'élection, à la carrière politique, à la nécessité de manipuler pour garder sa place, tout cela est magnifiquement décrit tout au long du récit. Et comme toute logique de drogué, cela finit toujours par l'oubli de soi, de ses objectifs dans l'unique quête du shoot suivant, jusqu'à renier tout ce en quoi l'on croit, tout ce que l'on est. Parce que fondamentalement, le jeu politique pourrit à peu près tout ce qu'il touche et que personne n'en sort indemne.
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Créée
le 12 janv. 2016
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