"Nos vies sans destin", c'est le titre qu'a choisi Tristan Garcia pour son livre, qui propose une analyse de cette série. Je le trouve très bien choisi, car c'est exactement l'essence de Six Feet Under: l'histoire de vies sans destin.
Alan Ball pose ses valises chez les Fisher, une famille possédant une entreprise de pompes funèbres. Leur profession singulière est souvent mise en avant pour décrire le sujet de la série, ce qui est trompeur. Si on ne peut réduire la série à l'activité de croque-mort des deux fils, Nate et David, celle-ci permet cependant d'être un tremplin vers de nombreuses réflexions; sur la mort, mais aussi, et plus souvent, sur la vie.
Ce qui fait toute la force de cette série ce sont ses personnages; profonds, nuancés, authentiques. On s'attache progressivement, au fil des épisodes, à chacun d'entre eux. On rit avec eux, on pleure, on les déteste parfois, mais on finit toujours par leur pardonner, pour la même raison qu'on a commencé à les aimer: parce qu'ils sont humains.
Six Feet Under fait partie des séries qu'on peut regarder à différents stades de notre vie, et qui résonneront à chaque fois en nous d'une façon différente. En assistant, passifs, au spectacle de leurs vies, on retrouve des parcelles de notre propre existence dans leurs mots, dans leurs silences. Et souvent, on éprouve ce sentiment rare d'avoir été compris.
Difficile, donc, de sortir indemne de Six Feet Under. On se retrouve après 5 saisons profondément imprégné par cette famille, avec l'impression diffuse qu'elle possède beaucoup de réponses à nos questions.