Sliders : Les Mondes parallèles, diffusé en 1995 sur FOX, c’est l’histoire d’un groupe de personnages bien intentionnés mais terriblement malchanceux qui se retrouvent coincés à voyager d’un monde parallèle à un autre. Tout commence avec Quinn Mallory, un jeune prodige de la physique qui, en bidouillant un gadget dans son garage, invente une télécommande qui ouvre des portails vers des réalités alternatives. Jusque-là, tout va bien… sauf qu’il oublie de régler l’option "Retour à la maison", et voilà notre équipe embarquée dans un road trip interdimensionnel sans fin, sautant de monde en monde, toujours avec l’espoir (vain) de retrouver leur chez-soi.
Chaque épisode nous plonge dans une version alternative de notre propre réalité, avec des mondes où les États-Unis sont toujours une colonie britannique, où les dinosaures n’ont jamais disparu, ou même où les gens communiquent par chansons (les fans de comédies musicales apprécieront, les autres auront besoin de courage). Ce concept de mondes parallèles est prometteur et offre une infinité de possibilités… mais la série peine parfois à aller au bout de son idée. En effet, Sliders a tendance à retomber sur des scénarios un peu répétitifs, où chaque monde visité ressemble plus à une variation minimaliste de San Francisco qu’à un véritable bouleversement de la réalité. Le budget y est probablement pour quelque chose, et les décors sont souvent un peu décevants pour un voyage interdimensionnel, mais bon, on s’y fait.
Les personnages principaux – Quinn, Wade, Rembrandt, et le Professeur Arturo – forment un groupe attachant, mais leur dynamique frôle parfois le cliché. Quinn est le héros de service, un peu arrogant mais foncièrement sympathique, Wade est la "fille du groupe" qui, hélas, n’a souvent que des intrigues secondaires, Rembrandt est là pour le rire et le drame émotionnel, et Arturo, le professeur râleur, offre la sagesse (et les réprimandes) dignes d’un mentor grincheux. L’équipe traverse ensemble des crises improbables avec un mélange de panique et de résilience, mais leurs interactions finissent par manquer de profondeur, et les personnages évoluent peu au fil des saisons.
Côté effets spéciaux, Sliders est un festival des années 90. Le portail interdimensionnel ressemble à une spirale psychédélique qui pourrait presque passer pour de l’art abstrait sous acide. Les effets sont modestes, les maquillages des créatures souvent un peu rudimentaires, et les scènes d’action n’ont pas vraiment le budget d’un blockbuster. Mais c’est aussi ce charme low-cost qui fait sourire, car on sent que l’équipe fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a, et cela contribue au côté "série B" un peu kitsch.
Le vrai plaisir de Sliders, c’est l’exploration des "et si ?" Les scénaristes prennent plaisir à inventer des mondes où un détail a tout changé, avec des concepts parfois étranges mais intrigants. Le problème, c’est que certains mondes sont plus profonds que d’autres : on passe d’une exploration politique passionnante à un monde où l’épisode se résume à une simple course-poursuite. La série se prend parfois les pieds dans son propre concept, se concentrant sur des intrigues banales là où le potentiel de réflexion philosophique et sociale est énorme. Pour chaque monde original et audacieux, il y a un épisode où les personnages semblent coincés dans une version à peine modifiée de leur univers habituel, et on finit par sentir la lassitude s’installer.
Les intrigues, bien que parfois répétitives, réussissent néanmoins à garder un suspense modéré grâce au "retour à la maison" qui semble toujours à portée de main… sans jamais vraiment y être. Chaque épisode se termine par un cliffhanger, les laissant de nouveau sauter dans un portail vers l’inconnu, et le spectateur, tout aussi frustré qu’eux, continue de suivre leurs péripéties en espérant voir la lumière au bout du tunnel. C’est une formule qui fonctionne un temps, mais qui finit par devenir frustrante, car on aimerait voir ces personnages s’ancrer quelque part, même si ce quelque part est totalement absurde.
En conclusion, Sliders : Les Mondes parallèles est une série à la fois charmante et frustrante, un mélange de science-fiction prometteuse et de budget limité, avec des idées ambitieuses souvent freinées par des moyens modestes. C’est une aventure un peu bancale mais divertissante, où chaque saut dans un nouveau monde est une surprise (parfois bonne, parfois moins bonne). Pour ceux qui aiment les séries des années 90 avec leur dose de nostalgie, de questions existentielles et d’effets spéciaux approximatifs, Sliders offre une escapade amusante dans l’imaginaire, où les mondes changent, mais les galères des personnages restent étonnamment les mêmes.