Dans une série anglaise modérément drôle titrée Intelligence, un agent secret américain déclassé subit la pénitence de travailler dans les limbes d'une petite équipe d'analystes du MI6. Chacun des éléments de la troupe a son équivalent dans la pauvre chose qui nous occupe aujourd'hui. L'arrogant crétin nouveau venu. L'élément ethnique (geek ultra-compétent cliché sur pattes ici, idiot congénital dans la sitcom). La vieille moins sénile qu'il y paraît. La jeune bonnasse efficace. Le/la chef désagréable mais compétent.
Dans la sitcom, les intrigues ont un semblant d'intérêt, d'originalité et durent 1/2 heure. SLOW Horses raconte une seule histoire sur une durée équivalent à deux saisons d'Intelligence. J'ai abandonné au milieu du deuxième épisode. Trop de remplissage ennuyeux. Et puis il faut dire que dès la pauvre scène d'action d'ouverture supposée nous accrocher (sic), puis le comportement du "héros" qui fouille des ordures au milieu du bureau commun, tripotant des morceaux de barbaque pourrie qui lui donnent la nausée avec des gants qu'il pose ensuite négligemment sur ses hanches, puis sur la rampe d'escalier, et qu'il s'amuse à faire claquer, etc. c'était très mal parti.
J'avais cru en lisant le synopsis trouver un feuilleton acerbe dans la veine du Prisonnier, où des agents soumis à une retraite forcée incarneraient tous les dysfonctionnements et les secrets inavouables d'un système institutionnel de style mafieux. Il ne s'agit que de l'adaptation d'une série de romans d'espionnage lambda, qui réussit à mériter l'ire de nos chers anti-wokes/racistes, scandalisés par la manière dont le seul cliché bien maladroitement renversé ici, est celui des terroristes islamistes. Puisque nous avons déjà passé l'étape où l'inversion d'un cliché est elle-même devenue un cliché éculé (la femme virile, la femme forte en maths, le mâle alpha nul, les services secrets incompétents, etc.).
Nous avons ici une oeuvre tellement peu inspirée qu'elle semble dériver d'une parodie.