Somali, petite humaine, est découverte seule et enchaînée par un golem chargé de protéger la forêt. D'abord réticent, il se laisse attendrir lorsqu'elle l'appelle "papa" et se résout à la prendre sous son aile. Dans ce monde, les humains ont été décimés pour des raisons qu'on découvre peu à peu et il n'en reste quasiment plus. Pour retrouver les parents de Somali, le golem l'emmène donc dans un long voyage hors de la forêt à la recherche d'une dernière communauté humaine.
Il n'était sans doute pas évident de prendre pour protagonistes une toute petite fille et un golem sans émotions et sans visage : difficile, dans ces conditions, de construire des personnages profonds… La bonté et l'optimisme désarmants de la petite humaine transforment tous les personnages rencontrés et ce sont les interactions entre le duo central et leurs nouvelles connaissances qui leur donnent leur relief. C'est d'ailleurs une série pleine de bienveillance, où les opposants sont finalement assez rares (c'est plutôt l'étourderie de Somali qui la place dans des situations périlleuses). À ce titre, elle m'a un peu rappelé les parti-pris narratifs de Steven Universe.
L'ensemble est une jolie aventure autour de la paternité, un thème qui n'est pas si souvent abordé dans les anime et rarement avec cette tendresse — je veux dire qu'on trouve des tas de relations père-fils avec un père distant, inaccessible, incapable, ou une sorte de mentor, mais beaucoup moins d'histoires qui évoquent ce que c'est d'être père, de s'inquiéter pour son enfant, de chercher à l'élever pour le/la rendre heureux·se. J'aime aussi beaucoup le fait que le propos traite la parentalité à travers la relation entre un père et sa fille adoptive sans que cela donne lieu aux développements habituels : à aucun moment Somali ne doute qu'elle soit la fille du golem, la validité de cette relation n'est jamais questionnée.
La fin du récit, dans laquelle Somali est conjointement élevée par le golem et deux démons qui prendront certainement la relève à la mort du père, conforte cette vision sociale plutôt que biologique de la parentalité de manière complètement apaisée.
L'histoire est servie par des environnements variés et magnifiques, une invention sans cesse renouvelée du lore, de la faune, des communautés rencontrées et plusieurs character designs extrêmement réussis (Uzoï en particulier). J'ai découvert après avoir terminé la série qu'elle est adaptée d'un manga qui a l'air superbe.