L’histoire entre Yoon Jin-A et Seo Joon-Hee est très touchante et crédible, à toutes les étapes de son développement. Son Ye Jin et Jeong Hae In jouent extrêmement bien, les dialogues (et les silences) sont fins. Les éléments narratifs habituels - comme le parapluie - sont réappropriés avec un tel réalisme qu’ils perdent l’aspect stéréotypé présent dans d’autres séries. On s’attache à leur amour naissant, on loue leur courage, on souffre avec eux, on s'indigne de l'autoritarisme et du système de classes hyper rigide de la société sud-coréenne. Et c’est surtout cette critique sociale qui fait l’étoffe de la série.
An Pan Seok (One spring night, Secret affair entre autres) rend toujours très bien cette beauté de l’amour émancipateur, et son revers social : les personnages principaux retrouvent une joie de vivre en s'aimant. Mais ils doivent encaisser une violence qui tombe de toutes parts, tout particulièrement Jin-A qui subit toutes les agressions infligées aux femmes dans la société traditionnelle : la contrainte du mariage pour sortir de la tutelle parentale (même à 35 ans), le harcèlement de l'ex-fiancé qui l'avait trompée, les abus sexistes et sexuels des managers alcoolisés lors de karaokés imposés, le dénigrement familial infligé à la femme qui subit tout cela et qui aurait dû s'arranger pour avoir plus de chance dans ses rencontres.
Les différences de classe sociale et d’âge entre Jin-A et Joon-Hee ne sont pas tolérables et font honte à toute la famille. Les difficultés qu’ils rencontrent ne sont pas édulcorées par un romantisme superficiel. Au contraire.
Dans cette peinture sociale réaliste et mélancolique (on retrouve dans la musique les accents sepia de l'image), Jin-a maintient la tête haute, ose l'indépendance, trouve dans le soutien sororal d’une collègue et l’indignation de Joon-Hee des forces supplémentaires pour s’émanciper. Le romantisme ici est une affaire féministe et ça fait du bien.