Quand la vitesse se perd en route et que le rock famille n'enflamme pas la scène

Sonic le Rebelle, diffusé en syndication en 1999, avait pour mission de proposer une aventure inédite pour notre hérisson bleu préféré. Cette fois, Sonic n’est pas seul : il est accompagné de sa sœur Sonia et de son frère Manic, formant un groupe musical improbable qui se bat contre le régime tyrannique de Robotnik en alternant entre riffs de guitare électrique et poursuites endiablées. Un concept qui aurait pu donner lieu à des scènes épiques… si seulement la série avait trouvé son rythme et ne s’était pas perdue dans un labyrinthe de bonnes intentions mal exécutées.

Sonic, que l’on connaît pour sa vitesse supersonique et son attitude cool, se voit ici affublé de responsabilités familiales inattendues. En théorie, cela pourrait ajouter de la profondeur au personnage, mais en pratique, cela semble plutôt ralentir son élan. Sonia, sa sœur à l’attitude snob et à l’obsession pour la mode, est là pour ajouter un "style royal" à l’équipe, tandis que Manic, leur frère punk voleur, semble être un mélange de clichés mal digérés de l’époque grunge. La dynamique entre les trois personnages est censée incarner l’unité familiale, mais elle finit surtout par souligner leurs différences en un enchaînement de blagues un peu forcées et de chamailleries plus irritantes qu’amusantes.

Le gros pari de Sonic le Rebelle, c’est cette idée audacieuse d’incorporer de la musique. À chaque épisode, notre trio rebelle s’arrête pour interpréter un morceau de rock familial censé motiver les foules et défier Robotnik. Mais ces interludes musicaux sont… comment dire… d’un kitsch délicieux, si l’on a une forte tolérance à la nostalgie des années 90. Les chansons, loin d’être des hymnes épiques de la rébellion, ressemblent à des jingles qui ne parviennent jamais à être vraiment entraînants ni inspirants. Elles se répètent à chaque épisode, et au bout de quelques épisodes, elles deviennent un peu la version "répétition générale" de la révolte.

L’intrigue de la série est, elle aussi, simpliste : chaque épisode suit plus ou moins le même schéma, où le trio tente de contrecarrer les plans de Robotnik tout en cherchant leur mère disparue, la reine Aleena. L’idée d’une quête familiale aurait pu fonctionner, mais elle reste en surface, et les enjeux émotionnels sont balayés au profit de séquences de courses-poursuites et de blagues qui tombent souvent à plat. Robotnik, le grand méchant de la série, n’est pas aussi menaçant que dans d’autres adaptations, et ses sbires, Sleet et Dingo, sont plus des bouffons que des adversaires redoutables. L’ambiance générale est plus proche de la farce que de la grande aventure.

Visuellement, la série accuse un certain âge, même pour l’époque. L’animation est rudimentaire, les arrière-plans manquent de détails, et les couleurs semblent aussi fades que l’intrigue. Loin de l’esthétique énergique et colorée des jeux vidéo, Sonic le Rebelle offre une palette terne qui ne correspond ni à l’esprit du jeu, ni à l’idée de rébellion. Les scènes d’action, censées être dynamiques, souffrent d’une animation saccadée qui enlève toute l’intensité qu’on espère trouver dans une série centrée sur le hérisson le plus rapide du monde.

Au final, Sonic le Rebelle est une tentative maladroite de donner à Sonic une nouvelle identité, mais qui échoue à capturer la magie et l’excitation de l’univers d’origine. Entre des personnages un peu trop stéréotypés, des chansons qui n’enflamment pas la foule, et une animation approximative, la série manque de rythme et de cohérence. Elle pourra faire sourire les fans invétérés de Sonic pour son côté nostalgique, mais pour les autres, elle risque de laisser l’impression d’un épisode pilote qui aurait dû rester dans les cartons.