Méconnue et parfois injustement dépréciée: retour sur une des meilleures séries jamais réalisées.
Difficile de traiter d'une série sans faire quelque spoiler: je vais pourtant essayer de m'y employer.
Sons of Anarchy est en tous points grandiose. Pourquoi?
Premièrement, parce que rarement une série aura autant convoqué l'univers Shakespearien (des connaisseurs de Shakespeare patentés en ont déjà longuement fait étalage, et je n'en fais pas vraiment parti; je ne m'étendrai donc pas sur la question) dans le rapport fils-père-père adoptif, véritable reprise de "Hamlet" et qui est le point de départ de la série. Pareillement, on retrouve de nombreux échos au "Roi Lear" ou encore à "Macbeth" dans le rapport entre femmes (un point plus que central de la série...). Évidemment, pour un spectateur français, le cadre et les personnages sont assez déroutants et il est tout à fait compréhensible qu'on ait, dans un premier temps, bien du mal à trouver attachant cette bande de bikers ouvertement misogynes, amoureux de tuning et vissés au respect de la hiérarchie du gang; on est là en plein dans l'Amérique profonde. Pourtant, ça n'est qu'une impression de départ: comme toute grande oeuvre, Sons of Anarchy dépasse largement le cadre dans lequel on pouvait la croire a priori confinée;le tiraillement entre mère-fils-épouse, le rapport au père absent et aux enfants, l'importance de la transmission et le
problème des valeurs à transmettre (quelles sont elles, lorsque toute une identité est structurée par un gang, qui, de prime abord, ne semble que mût par la violence et l'appât du gain, tout entier plongé dans une vendetta aussi insensée qu'interminable?)
Autant de questions que cette série aborde et qui est aussi, avec tant d'autres (The Wire, Mad Men), une de celles qui questionne de manière frontale les problèmes posés par l'Amérique contemporaine; le rapport à la communauté(et aux communautés), à l'État, à la loi, la tension constante entre le désir de se faire justice soi-même et de recourir aux autorités fédérales: ce sont là autant de raisons supplémentaires de se jeter, sans crainte, dans les 6 saisons de Sons of Anarchy, avant la 7ème et dernière qui, en septembre prochain, promet déjà un final tragiquement shakespearien au possible.
D'ores et déjà, Sons of Anarchy est entrée dans le panthéon des plus grandes séries.
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