Hibike Euphonium est l’adaptation par Kyoto Animation (Free!, Hyouka) du premier roman éponyme, écrit par Ayano Takeda, qui nous raconte l’expérience d’Oumae Kumiko, une élève fraîchement inscrite à l’école Kitauji, dans un club d’orchestre d’harmonie.
Malgré son sujet, l’aspect musical n’entre que timidement sur la scène durant les premiers épisodes et il s’agit davantage de présenter la nouvelle vie d’une Kumiko dont l’amour pour la symphonie s’est évaporé avec les fausses notes de son passé. Pauvre Kumiko !
La série garde un air détaché sur ses soucis cependant et si la protagoniste traverse une période de las, ce n’est pas le cas de ses camarades caractérisées par leur énergie et leurs badinages. Le club en lui-même, dominé par la gente féminine, penche plus vers du piano que sur du fortissimo en terme d’efforts. Malgré tout, cela ne nous empêche pas d’apprendre certains faits intéressants sur son fonctionnement, ainsi que quelques anecdotes amusantes qui parleront à ceux pratiquant l'instrument.
Dans sa légèreté, Hibike Euphonium a d’abord un peu de mal à trouver son tempo car la série n’est ni spécialement mélomane, ni ne développe particulièrement ses personnages. Du coup, ça s’entraide et ça rigole dans ce microcosme tout kawaii mais les mimiques, vues et revues, ne sont clairement pas assez pour donner de l’intérêt à cette série.
Heureusement, l’implication, à partir de l’épisode 3 du professeur Taki, nouveau conseiller bellâtre, va donner un coup de fouet à ce club relâché. Bien que sa présence reste somme toute mineure, son influence est véritable et permet au thème principal d’Hibike Euphonium de résonner avec une clarté nouvelle, en plus de gagner un fil conducteur appréciable qui va s’exprimer à travers des entraînements fermes ainsi que de vrais moments de musique, aussi soignés que succincts.
Dynamisé par la compétition, l’anime trouve un souffle nouveau mais ce changement de régime ne se fait pas sans problèmes auprès des élèves de Kitauji. En effet, Hibike Euphonium nous offre une représentation particulièrement pertinente des différents degrés de motivation et d’aspiration qui peuvent habiter ces jeunes joueurs/joueuses non professionnels. Cette dissonance, centrale durant toute l’intrigue, mène à des épisodes de drama souvent bien maîtrisés mais parfois peu satisfaisants à regarder (les épisodes 10 et 11 notamment). On remerciera avant tout l’auteure de ne pas avoir donné une personnalité inutilement cruelle à Taki et d’avoir opté pour une approche plus sensible, autour d’élèves aux motifs humains et vraisemblables.
Même si Hibike Euphonium m’a surtout enchanté sous la baguette du professeur Taki, les moments plus mondains partagés par les adolescent(e)s peuvent également être très réussis (épisode 8). Il faut dire que l’appréciation est grandement aidée par une esthétique régulièrement superbe, qui arrive à donner aux moments les plus simples un charme particulier, même si je dois avouer avoir été ennuyé plus d’une fois par l'utilisation abusive des effets de profondeur de champ.
Les personnages mis en scène ne sont pas toujours à la hauteur de cet enjolivement en revanche, à commencer par les deux camarades de classe de Kumiko, peu remarquables malgré un temps d’écran non négligeable. Sans entrer dans les détails, j’ajouterai que les envies, occasionnelles mais habituelles chez Kyoani, de sensualité donnent lieu dans cette série à certaines interactions confuses, voire contradictoires selon les interprétations. Ca reste un point marginal cela dit, inutile d’être titillé(e)s pour si peu, vil(e)s coquin(e)s.
Finalement, ce sont les personnages secondaires que j’ai le plus apprécié. Malgré leur caractère presque anecdotique, la plupart d’entre-eux n’en restent pas moins sympathiques et leurs petites parts dans l’histoire ont réussi à m’impacter bien plus en bien peu (Haruka, Natsuki et autres). Cela n’empêche pas Kumiko d’être une protagoniste réussie néanmoins, avec un développement convaincant le long de la série et un dernier épisode qui reflète bien tout le chemin parcouru.
En ce qui concerne l’aspect musical de la série, Il est clair que la pratique de tout instrument demande beaucoup d’efforts et Hibike Euphonium n’hésite pas à dépeindre les dures exigences de cette activité, à l’échelle individuelle comme pour l’ensemble, quitte à ce que les notes se répètent encore et encore dans une mélodie peut-être monotone mais pas moins fascinante dans son message. En dehors des drills, les pièces choisies pour les performances sont, de mon point de vue néophyte, bonnes et l’on appréciera les quelques passages improvisés qui viennent ajouter par leur propre langage une touche de poésie auditive (je ne savais pas que Brille brille petite étoile pouvait être touchant).
A regarder Hibike Euphonium, il est clair qu’au delà de son rythme branlant et de ses frivolités, la série possède aussi la maturité et la retenue nécessaires pour exécuter une histoire captivante sur la musique et les tribulations qui entourent ce domaine passionnant. Aussi, même si je ne qualifierai pas l'anime d’exceptionnel et que l'intrigue demande à être continuée (une saison 2 a vu le jour ainsi qu'un film), cette oeuvre se range parmi les bonnes petites séries bien réalisées, et vaut aisément une recommandation pour ceux intéressés par le sujet.