Dans South Park, on tape sur les faibles, on tire sur l’ambulance, enfin on y fait tout l’inverse de ce qu’on nous martèle depuis le plus jeune âge.
On se moque des pauvres, des noirs, des homosexuels, des dévots chrétiens, des juifs, des musulmans, des alternatifs à dreadlocks, des instit’ dépassés, des latinos venitos in paz por trabajar, des vieux, des paralysés, enfin de toutes les minorités majoritaires auxquelles l’homme blanc hétérosexuel, suspecté de bonne santé et d’aisance matérielle est censé rendre hypocritement un tribut pour culpabilité.
Un show qui jouit de la cruauté, en la plaçant chez ceux qui doivent incarner l’innocence : les enfants ! Les enfants sont des hommes en miniature, et dans leurs petit monde, ils sont plutôt cruels, et ce n’est pas parce qu’ils prennent mauvais exemple sur leurs parents, au contraire ! car, sans se déconcerter, ces derniers jouent leur rôle de cloche protectrice jusqu’à l’absurde et agissent, sans conscience, comme des robots envoyés par la grande machine éducationniste.
Serait-ce leur innocence qui rend les enfants cruels ? Déroutant, non ?
On vient mettre dans leur bouche la dénonciation de la stérile et paresseuse tartufferie de la morale moderne, de la morale en tant que pourvoyeur de bonne conscience à la petite semaine, enième couverture de la vanité, ô combien inattaquable, dont la plus complexe production intellectuelle consiste probablement en : « être méchant, c’est mal, être gentil, c’est mieux ».
South Park nous permet, comme un grand défouloir, de goûter aux relents rafraîchissants du racisme et de l’homophobie, trop souvent proscrits par la suave bien-pensance du surmoi occidental auto-flagellatoire. Une oeuvre à placer parmi les meilleures, en cela qu'elle ne conçoit pas que l'on puisse agir sans arrière-pensée.
Cartman représente l’homme blanc qui salope l’environnement jusqu’au diabète, en faisant des bons gros doigts d’honneur aux donneurs de leçons. Têtu, il refuse de monter même le premier grade du cursus honorum du bon citoyen content de lui-même, d’accumuler les points dans son petit livret d’humanisme narcissique, et de se joindre à la tranquillisante grand’messe du galimatias consensus-iste, enfin de tomber dans le piège des bons sentiments : la paresse du raisonnement engourdi dans le confit du bon cœur.
Aimer South Park, c’est comme faire caca ou voter FN, on le fait, mais comme c'est de mauvais goût, on a bien du mal à l’avouer…