Quand South Park a déboulé sur les écrans fin des années 90, ce fut un véritable choc. A l'instar des Simpsons à son époque, les critiques fusaient sur ce dessin animé vulgaire et absurde. Ne tentant évidemment pas d'analyser plus profondément, les critiques s'arrêtaient sur la forme et Parker et Stone ont sciemment été plus loin dans la controverse. Tout y passait. Sur le fond plus borderline encore, et sur les dessins, volontairement plus moches. Des graphismes moyens, permettant de créer rapidement un épisode en phase avec l'actualité. C'est la grande force de la série... et forcément son plus grand défaut. Revoir un épisode d'il y a 10 ans est parfois difficile. Faut chaque fois remettre tout dans son contexte. Cependant, dès la première saison, les épisodes cultes s'enchainent. Les personnages sont là, du juif et ses parents sévères, à Cartman, enfant gâté et unique d'une famille monoparentale, à tendance fascistes et dictatoriales. Ils ont réussi également à continuellement créer et développer de nouveaux personnages secondaires tout aussi cultes les uns que les autres, Butters, Tmmy, Garrisson, Randy Marsh... et surtout une avalanche de célébrités qui s'en prennent plein la tronche ! Et ca fait du bien ! Mais surtout, tous les sujets y passent, politique, économie, religion, média, terrorisme, drogue, sexe, glorification des peoples, modes, manipulation, arts, et j'en passe...
Les créateurs ont eu la bonne idée d'en faire même un film au début de la série (1999) et pas 20 ans après, permettant ainsi d'accoucher du meilleur épisode de la série et alignant 1h20.
Mais voilà, South Park a du mal à résister au temps, pour le problème de l'actualité cité précédemment, mais surtout a du mal à garder cette qualité d'écriture. Ils ne savent plus où taper et ca fait bien 3-4 ans que la série va dans tous les sens et que les bons épisodes se rarifient. La saison 14 est un bel exemple. 3-4 épisodes sur la mode des super-héros, un pitch qui a la belle époque n'aurait pas dépassé les 20 minutes, voir le demi-épisode. Ici ils en abusent et on s'ennuie. Même quand ils osent s'attaquer à Mahomet, faisant tout un foin avant sa diffusion, ce dernier retombe finalement comme un soufflé en n'assumant pas leur prise de risque et le buzz médiatique s'éteint rapidement. Ce double épisode repose finalement que sur des clins d'œils d'anciens épisodes et donc sur leur succès d'antan.
En exagérant un peu, South Park est devenu ce qu'ils ont critiqué autrefois. Taclant jalousement comme ils peuvent la concurrence plus populaire, sans se remettre en question et sans se dire que la qualité n'est peut-être plus autant au rendez-vous !
Heureusement, il reste une dizaine de bonnes saisons, même si vieillissantes, qu'on revoit avec plaisir, en VF ou VO, les deux étant très réussies. South Park a le mérite d'avoir été la première véritable bulle du petit écran où tous les coups (bas) sont permis et où le téléspectateur s'en délecte. Qui a dit que les américains ne savaient pas rire d'eux-mêmes?