South Park
7.7
South Park

Dessin animé (cartoons) Comedy Central (US) (1997)

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Ma relation avec cette célèbre et unique série qu’est South Park a longtemps été décousue. J’avais pris de plein fouet la déferlante lors de sa sortie et des nombreuses conversations de récréation de mes petits camarades enthousiastes, mais sans vraiment m’y intéresser. J’avais pioché quelques épisodes ici et là au gré de leurs diffusions, profité des rares raisons disponibles sur Netflix et même acheté quelques coffrets d’occaz’ mais je n’avais jamais entrepris de me relever les manches et de m’attaquer aux origines, à cette saison 1 qui avait tout lancé, avant de poursuivre par les autres.

Est-ce que j’avais cru que cette saison inaugurale, diffusée en 1997 dans un autre siècle, même un autre millénaire, allait être trop timide, dépassée ou brouillonne ?

Il n’en est rien. Il y a peut-être quelques différences entre les meilleurs épisodes et ceux moins bons, mais c’est le lot de toutes les séries.

South Park arrive ainsi avec une galerie de personnages bien définie, dont certains allaient encore perdurer, certains se peaufiner progresssivement, comme Randy, d’autres s’ajouter et d’autres au premier plan disparaître parfois bien plus tard, comme Pip et  Chef. Mais Cartman, Kenny, Stan et Kyle sont déjà présents, à leur hauteur d’enfants, dans une ville de South Park aux nombreux personnages loufoques.

Surtout la série déboule déjà avec son mauvais esprit, son portrait féroce d’une certaine Amérique, même si elle n’est alors pas autant reliée aux soubresauts de la société contemporaine. Avec son mauvais esprit habituel, déjà en place, la série aborde pourtant quelques leçons de vie, des petites morales qui n’ont rien d’assommantes, découvertes par cette bande d’amis, ces enfants qui font les idiots mais où les plus idiots restent les adultes. Le petit monde des chasseurs (épisode 3), l’homosexualité (épisode 4), le clonage (épisode 5), la pauvreté dans le monde (épisode 9) forment ainsi la base d’intrigues principales, tandis que d’autres épisodes reposent sur des situations un peu plus incongrues mais tout aussi hilarantes, qu’il s’agisse d’une sonde anale (épisode 1) ou d’un caca de Noël. Dès sa première saison, les épisodes cultes sont là, South Park impose sa différence, sa satire et son humour cinglant.

La série ne naît pas de nulle part, ses créateurs, les géniaux Trey Parker et Matt Stone (il faut d’ailleurs voir sur DVD leurs introductions des épisodes, délicieusement ringards) ayant déjà crée un premier jet en 1992 et un autre en 1995, plus proche du résultat final. La gestation de ces années aura ainsi permis de livrer une première série déjà solide, dont l’esthétique en papier découpé animé imposait déjà une personnalité unique à ce cartoon. Les premiers épisodes sont encore sages dans la mise en scène, mais la production par ordinateur allait très rapidement permettre un peu plus de folies, des temps de réalisation plus courts pour des épisodes toujours plus collants à l’actualité tout en gardant cette direction artistique faussement bricolée, faussement naïve.

En dehors de la découverte rassurante que South Park était déjà solide dès ses débuts, quand parfois certaines séries ont besoin de plusieurs épisodes voire au moins d’une deuxième saison pour se définir (Seinfeld, The Office US, etc.), ce visionnage m’a rappelé aussi l’effervescence que le show a connu dès ses débuts en France. Ce n’était pas forcément acquis, d’autres cartoons satiriques n’ont pas rencontré le succès de ce côté du Pacifique : Beavis et Butt-Head ou Les Rois du Texas par exemple nous sont quasiment inconnus.

Je me souviens ainsi de la popularité de ces premiers épisodes lors de la diffusion à l’été 1998 et de la rentrée suivante. J’étais alors au collège et les enregistrements en VHS notamment d’un ami abonné à Canal + se diffusaient partout. Ce dernier profitait d’ailleurs largement de sa popularité grâce à cet abonnement, proposant ainsi différents programmes enregistrés ou copiés. Bien évidemment, les célèbres films pour adulte de la chaîne cryptée faisaient partie de ses copies les plus populaires auprès des ados aux hormones agités.

Pour tout dire, je ne suis même pas sûr d’avoir vu cette première saison à l’époque. Mais il était impossible de manquer les déclarations passionnés des camarades ayant découvert South Park, dont l’humour pipi-caca et la provocation faisaient évidemment bien des émules à cet âge bête. Les citations les plus idiotes ou transgressives inondaient les cours d’école, et je suppose que cela a dû faire râler quelques parents et organes de presse dubitatifs face à ce raz de marée insolent dans le succès et le ton.

Sa popularité a pu aussi se développer avec le développement d’Internet, à une époque où le 56k faisait encore sa loi. Des images de la série et des extraits audio aux qualités parfois variables étaient alors diffusés entre gens de bons goût.

Il n’était alors pas facile d’aller retrouver ce contenu, et surtout l’internet était limité en débit et surtout en temps. Il ne fallait pas épuiser son forfait. Des revues proposaient alors de ratisser les bêtises du web et je garderais toujours un souvenir amusé et nostalgique de Micro Dingo et de son CD, que mon père achetait pour nous deux. Outre des jeux flash, des montages bricolés, des illustrations de films ou de comics, South Park était souvent à l’honneur. Et j’ai ainsi retrouvé avec plaisir lors de mon visionnage de cette saison des extraits audio conservés depuis un CD de la revue, plusieurs fois écoutés et parfois même glissés dans des Cd audio de compilations crées par mes soins. « Jamais je laisserais une bonne femme me botter le cul. Si jamais y'en a une qui essaye je lui dirais : « Hey ! Toi tu t'écrases pétasse, retourne dans ta cuisine et fais-moi à bouffer. » », « les gonzesses elles aiment bien les aspirateurs » ou « On pourrait chanter: La mère de Kyle est une grosse conne en ré mineur » entre autres belles sorties verbales de Cartman, parmi d’autres répliques idiotes.

Il faut reconnaître qu’en dépit des horreurs et autres âneries proclamées par les personnages de la série, le formidable doublage français a véritablement aidé à installer la série dans le cœur des gens. Thierry Wermuth, William Coryn, Christophe Lemoine, Jean-Michel Martial et les autres sont ainsi indissociables de la série en France et pour une fois il y a peu de personnes pour affirmer préférer les voix originales, doublées pourtant par Trey Parker et Matt Stone. Le travail fait pour adapter la série, dans ses répliques et son doublage, mérite de nombreux applaudissements.

Grâce au visionnage de cette première saison, j’ai ainsi pu refaire connaissance avec une série qui m’a souvent accompagnée, sans pourtant lui accorder toute l’attention qu’elle méritait. Je m’y mets maintenant, avant de mourir idiot.

SimplySmackkk
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il y a 7 jours

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